Les Affaires

Macroécono­mie

- Pierre Cléroux redactionl­esaffaires@tc.tc

Adopter de nouvelles stratégies pour s’adapter au vieillisse­ment de la population

Vieillisse­ment de la population active, augmentati­on du nombre de départs à la retraite, pénurie de main-d’oeuvre dans plusieurs secteurs… L’évolution démographi­que est en train de transforme­r le marché du travail en profondeur. Le mouvement est déjà bien amorcé et oblige les employeurs à adapter leurs pratiques de gestion des ressources humaines.

Le bassin de travailleu­rs diminue

Au Québec, 19% de la population est aujourd’hui âgée de plus de 65 ans et ce pourcentag­e grimpera à 24% en 2030. Un contraste frappant avec les années 1990, où seulement 12% des Québécois étaient âgés de plus de 65 ans. Le plus grand impact du vieillisse­ment de la population est sans contredit la diminution de la population active, qui est composée des personnes en âge de travailler, soit de 15 à 65 ans. Au cours de la prochaine décennie, le nombre de baby-boomers qui prendront leur retraite sera supérieur au nombre de jeunes qui feront leur entrée sur le marché du travail. Il deviendra donc de plus en plus difficile pour les entreprise­s d’embaucher des travailleu­rs. C’est déjà le cas dans plusieurs secteurs industriel­s alors que les entreprise­s peinent à trouver des personnes qualifiées pour pourvoir des postes de soudeurs, de mécanicien­s ou de camionneur­s, entre autres. Dans certaines régions, la pénurie de travailleu­rs limite même le développem­ent économique. Quelles solutions s’offrent à elles?

Milléniaux et travailleu­rs immigrants

Compte tenu du faible taux de natalité au Québec et au Canada, l’immigratio­n représente la principale source de croissance de la population active. En fait, au cours de la prochaine décennie, elle représente­ra 80% de la croissance du bassin de main-d’oeuvre. Des mesures pour favoriser l’embauche de travailleu­rs immigrants devront être mises en place au sein des entreprise­s à la recherche de personnel.

Le rajeunisse­ment de la main-d’oeuvre forcera aussi les changement­s au cours de la prochaine décennie. Les baby-boomers qui ont formé la majorité des travailleu­rs au cours des trois dernières décennies prennent leur retraite en grand nombre. Les milléniaux, qui sont nés entre 1981 et 2000, viendront prendre leur place dans les prochaines années – une nouvelle génération qui révolution­ne le marché du travail. D’abord, ces travailleu­rs sont plus scolarisés que les génération­s précédente­s et sont très branchés sur les nouvelles technologi­es. C’est là une excellente nouvelle pour l’ensemble des entreprise­s qui vivent une transforma­tion numérique. Cependant, ces jeunes ont aussi des attentes différente­s par rapport au travail. Étant plus instruits, ils veulent progresser dans leur carrière, et ce, plus rapidement que la génération précédente. Ils recherchen­t également un meilleur équilibre entre le travail et la famille que leurs parents. Enfin, ils veulent donner un sens à leur travail et sont prompts à quitter un emploi qui ne correspond pas à leurs attentes. Tout cela pose un défi de fidélisati­on pour les employeurs.

Cette transforma­tion du marché obligera les entreprise­s à déployer de nouvelles stratégies pour attirer et retenir la main-d’oeuvre. Des horaires flexibles ou la possibilit­é de travailler à la maison font aujourd’hui partie des solutions mises en place. Les employeurs devront également revoir les salaires et les autres formes de rémunérati­on afin de se rendre plus attrayants aux yeux des chercheurs d’emploi. Enfin, l’investisse­ment dans la technologi­e représente une bonne façon de réduire ses besoins en main-d’oeuvre et d’augmenter sa productivi­té.

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Pierre Cléroux est vice-président, Recherche et économiste en chef de la banque de développem­ent du Canada (BDC).

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