FOUGUE PRINTANIÈRE
Il y a quelques semaines, j’ai fait mon pèlerinage hivernal annuel à New York pour voir les nouveautés des boutiques et des salles d’exposition. J’en ai visité 26, classiques, comme Gracious Home et ABC Carpet, ou nouvelles, surtout à Brooklyn, aux vitrines parmi les plus originales.
Le début du parcours m’a déprimée. Mes boutiques favorites ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. L’offre de Gracious Home se résume à des draps, à des serviettes et à du linge de table, et à quelques accessoires. ABC a tout regroupé dans un seul édifice, avec un ascenseur en verre flambant neuf, un étage de tapis et très peu de meubles. Le célèbre rayon literie et salle de bain est maintenant au sous-sol, et il est plus petit. Le rez-de-chaussée est encore une vaste galerie de linge de table et d’accessoires, mais il semble envahi par une odeur d’encens, des tissus d’inspiration indienne et des lignes de produits naturels pour le corps.
J’ai erré ici et là, consternée par les changements, essayant de me concentrer sur les belles choses, comme les extraordinaires étalages de serviettes dans des tons minéraux, d’aubergine, de chocolat et de safran. Mais
100 $ US pièce, cela m’a semblé exagéré. ABC n’a jamais été bon marché, mais 200 $ US pour une tasse ? J’ai admiré une commode à trois tiroirs décapée et teinte, avec des traces de peinture dans les interstices, pour la modique somme de 8800 $ US! J’ai reconnu la technique, car lorsque j’ai rénové ma première maison dans les années 1980, la mode était au décapage. Cette commode était quasi identique au meuble peint que j’avais décapé armée de Polystrippa, de gants en caoutchouc et d’une tonne de paille de fer.
Quelque 500 photos plus tard, sur le chemin du retour, j’avais toujours la commode d’ABC en tête. Elle me rappelait les longues heures passées à décaper des portes et des moulures, à apprendre à poser des cloisons, à tirer des joints et à poncer les murs de ma maison victorienne. Je me suis souvenue des joies de la rénovation et de l’excitation de découvrir ce qui se cache derrière la peinture. Aujourd’hui, je suis emballée à l’idée de passer quelques week-ends à décaper et à poncer les commodes et les tables peintes années 1930 trouvées dans la maison que nous rénovons !
En voyant les merveilleuses transformations de ce numéro, vous constaterez à quel point les propriétaires de ces belles maisons — qui, au départ, ne payaient pas de mine — ont eu du flair. Les clients de Barbara Purdy ont sauvé un petit bungalow démodé des années 1960 ( page 58), un couple de Montréal a acheté une maison en brique « terriblement vieillotte » de 1947 qui ne correspondait pas à ce qu’il cherchait ( page 50), et la maison de pierre et de stuc traditionnelle de Quinn Cooper a été modernisée pour une vie de famille dans une ambiance éclectique (page 66).
Le point d’orgue de mon escapade fut une visite au Met Museum pour voir deux superbes tableaux de l’artiste torontois Kent Monkman, Welcoming the Newcomers et Resurgence of the People, suivie d’une soirée à l’opéra. L’un de nos designers préférés, Garrow Kedigian, et moi-même avons trouvé que les décors et les costumes de la nouvelle production de La Traviata étaient incroyables, le remède parfait pour chasser la morosité de l’hiver.
Vive le printemps !