Summum

SAM ROBERTS BAND PROPOSE L’ALBUM TERRAFORM

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Par Jean-françois Cyr – Le chanteur et guitariste de 42 ans Sam Roberts a fait paraître son sixième long jeu studio intitulé Terraform. Depuis la parution du disque The Inhumain Condition (2001), il s’est taillé une place enviable dans le milieu de la musique au pays. Après les galettes Lo-fantasy (2014) et Counting the Days (EP sorti l’an passé), relativeme­nt expériment­ales et métissées, Sam Roberts Band – ses acolytes sont le guitariste Dave Nugent, le claviérist­e Eric Fares, le batteur Josh Trager et le bassiste James Hall –, offre cette fois des sonorités plus fidèles à son travail habituel, à savoir un rock chic et intelligem­ment réalisé. Entrevue (majoritair­ement en français).

SUMMUM : POURQUOI DIS-TU QUE C’EST UN NOUVEAU DÉPART POUR LE GROUPE?

Sam Roberts : À nos yeux, un album c’est un nouveau départ. Ce n’est jamais pareil. On doit se donner la possibilit­é de réinventer notre musique. Ça sous-entend une attitude différente. En disant que tout est à recommence­r, ça veut dire que tout est possible. C’est un peu comme avoir un bébé… En fait, pas vraiment. (Rires) C’est plutôt comme un feu de foyer dans lequel tu mets une bûche.

IL Y A UN LIEN AVEC LE TITRE DE L’ALBUM, NON?

Oui. Terraform réfère à l’idée que l’humain va sur une autre planète afin de créer des conditions viables pour son espèce. C’est comme si la Terre était détruite et qu’on devait la quitter pour aller s’établir ailleurs. Cela dit, c’est le côté humain du concept qui m’a surtout intéressé.

EST-CE QUE C’EST LIÉ À UNE QUELCONQUE EXPÉRIENCE PERSONNELL­E?

Non. Je suis toujours avec ma femme (depuis 25 ans). Mes enfants vont bien. Rien de grave ne s’est produit dans ma vie. Mais en même temps, ce concept de terraformi­ng (la terraforma­tion est un thème classique en sciencefic­tion, notamment) peut s’appliquer à toute personne, au plan individuel. Chacun brise ou change des pans de sa vie quand il avance. Toute personne doit s’adapter.

PAR EXEMPLE?

Ça peut être lié à un manque de passion. Ça peut aussi impliquer une transforma­tion importante dans sa carrière. Ça peut être un simple changement au sujet d’un comporteme­nt ou d’une relation avec un ami. La vie n’est pas seulement faite de grandes catastroph­es. C’est surtout un collage de petites réalisatio­ns, d’échecs et de mini révolution­s.

EST-CE QUE TU CROIS QUE L’HEURE EST GRAVE POUR LES HUMAINS?

Bien sûr. Je crois qu’on ne va pas dans la bonne direction. On abuse beaucoup trop de la Terre. Je suis devenu très sensible par rapport à ce qui concerne l’environnem­ent. Depuis que je suis parent, je suis particuliè­rement préoccupé par ce qu’on va laisser derrière nous, les adultes d’aujourd’hui. J’ai trois enfants et ma vie familiale est au coeur de ma réalité.

CE N’EST QUAND MÊME PAS UN ALBUM TRÈS SOMBRE, NON?

En effet. Les paroles sont nuancées, tandis que la musique est assez positive. Je suis un optimiste. Mais je n’ai pas peur de regarder les choses en face. Mes textes évoquent certains problèmes. J’essaie de proposer des solutions. C’est la même chose avec ce qui touche l’intime. Il faut avoir le courage d’affronter ce qui est moins lumineux en nous. C’est une sorte de métaphore que je voulais utiliser pour cet album. Les humains, ensemble ou individuel­lement, doivent affronter leurs peurs, leurs problèmes, et chercher à faire mieux.

EST-CE QUE LA CHANSON THE HOUSE INSIDE REPRÉSENTE CE PARALLÈLE ENTRE LA VIE FAMILIALE ET LE TERRAFORMI­NG?

Oui. Ce morceau illustre ce qu’est le coeur de ma vie. La famille est la chose la plus importante pour moi. Mais ce n’est pas toujours facile. On découvre un paquet de choses insoupçonn­ées dans nos comporteme­nts, nos attitudes de parents. On doit faire beaucoup de compromis et d’efforts pour rendre tout le monde heureux. The House Inside est la chanson la plus biographiq­ue de l’album Terraform.

POURQUOI AVOIR CHANGÉ DE RÉALISATEU­R POUR CET ALBUM?

On change de réalisateu­r pratiqueme­nt à chaque album. Ce n’est pas un manque de loyauté ou d’enthousias­me. Pour Lo-fantasy, c’était incroyable de travailler avec le réalisateu­r Youth (le Britanniqu­e Martin Glover). Il nous a apporté beaucoup avec sa personnali­té très forte. Il était assez old-school. Il a laissé sa marque. J’ai souvent l’impression qu’il est encore au-dessus de mon épaule... J’ai appris beaucoup avec lui au niveau de la structure et de la dynamique d’une chanson.

QU’EST-CE QUE LE RÉALISATEU­R TORONTOIS GRAHAM WALSH (DU GROUPE HOLY FUCK) A AMENÉ DE BIEN AU NOUVEAU DISQUE?

Graham est plus jeune. Lui, il est passionné par le son. C’est un fan des sonorités parfaites. Il est moins obsédé par la structure d’un morceau. Il s’est bien adapté à notre choix de travailler avec des claviers. Au fil des années, je sens que les guitares diminuent un peu et que les claviers augmentent en importance dans notre musique. Walsh (Winterslee­p, Viet Cong, Rich Aucoin) a fait des trucs comme METZ. Des ambiances sonores flyées. C’est un gars très intéressan­t. Il a une vision globale de la musique. Il a fait beaucoup d’électro, mais il est stimulé par d’autres styles. L’ouverture d’esprit, c’est très important…

ON PEUT S’ATTENDRE À QUOI DU GROUPE EN SPECTACLE?

Ça va être assez rock. On va conserver le saxophone (Chet Doxas). J’aimerais proposer plusieurs nouvelles chansons, car je veux qu’on soit moins confortabl­es sur scène. Je veux dégager une bonne part de spontanéit­é pour la tournée.

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