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Course landaise

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Les gens se sauvent lorsqu’ils voient un taureau en liberté, car c’est la chose intelligen­te à faire! Pourtant, en Gascogne (en France), la course landaise encourage tout le contraire. Ce sport vieux de 200 ans se joue en équipe et est évalué par des juges. Deux discipline­s y sont présentées : les sauts et les esquives. Les adversaire­s des coursayres sont des vaches : « Elles sont beaucoup plus vicieuses et rapides qu’un taureau », souligne Cédric Fleury, un Québécois qui a découvert ce sport tout à fait par hasard.

Ayant déjà fait du rodéo et adepte de judo, il décide à ce moment de tenter sa chance… se faisant ramasser dès le premier saut : « Mes jambes n’ont pas passé. Il faut anticiper la vitesse de l’animal pour atteindre une hauteur optimale lorsqu’il passe en dessous de nous. » Malgré des tibias endoloris, il a réussi les prochains sauts et a obtenu un contrat. Sa carrière a toutefois pris fin quatre ans plus tard. Il devait alors sauter par-dessus une vache qui levait la tête lors de sauts, un geste dangereux pour le coursayre. Malgré ses réticences, il est allé de l’avant… et s’est réveillé 90 minutes plus tard à l’hôpital. Il s’était ouvert « un peu » le crâne et avait subi une hernie discale aux vertèbres C5 et C6. « L’impact m’a “torqué” le cou. »

La course landaise est une tradition qui laisse sa trace dans toutes les familles gasconnes : « Chez nous, pour être un homme, il faut affronter la vache », blague Manu Lataste qui entrait dans une arène dès ses 14 ans. Au moment de vérité, il n’est pas question d’avoir peur ou des doutes : « Il faut devenir un robot. » Au fil des ans, les blessures se sont accumulées : fractures des deux poignets, coude, clavicule, sternum, côtes et une vertèbre fracturée en surface. À 18 ans, il se fracturait le crâne. À ce jour, il demeure sourd de l’oreille droite. Il a été mis sur le carreau pendant un an et demi après s’être déchiré le tendon d’achille gauche. Une seule blessure lui a nécessité des opérations : une rupture totale du tendon patellaire, celui qui tient la rotule.

Aujourd’hui, il s’inquiète de la direction que prend la course. Habitués au spectacle, les gens en demandent plus. Manu se souvient d’un évènement où cinq sauteurs affrontaie­nt la vache. « C’est quasiment de la roulette russe. » Étant le plus expériment­é, il était le dernier, près du mur. Le premier sauteur ayant pris trop de distance pour sauter, les autres voyaient leur espace restreint. Manu n’avait pratiqueme­nt aucun jeu. La vache en a profité pour l’attraper et le balancer comme un chiffon.

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