Saint-Jean, sur la même longueur d’onde
Comme à chaque 24 juin au Québec, on fête la Saint-Jean. On dirait que ça devient machinal, automatique, comme si on n’avait pas le choix de fêter. Et quand, en plus, le 24 juin tombe un samedi, c’est une raison de plus pour ne pas passer à côté. Même si cette date signifie peu de chose pour la plupart des Québécois, mis à part que c’est une journée fériée, il reste que l’histoire qu’on tend à oublier nous rappelle que les origines de notre fête nationale remontent au temps où les peuples célébraient le solstice d’été. On allumait alors un grand feu afin de célébrer la lumière qui était à son apogée. Plus tard, en France, on a associé cette fête à Jean, le cousin de Jésus, surnommé «le Baptiste », celui qui a été le premier à reconnaître le Christ et qui l’a baptisé. C’est donc comme ça que la lumière et le nom de saint Jean Baptiste ont été fusionnés.
Mais de quelle lumière parle-t- on? Certainement pas de celle qui éclaire nos élus! Avouez que ceux- là ne nous montrent pas le chemin le plus lumineux... Loin de moi l’intention de faire ici de la politique, mais disons que cette fête a quand même un fondement politique, puisqu’elle est née en 1827 de l’idée de donner une fête nationale au peuple canadien-français, sur l’initiative de Ludger Duvernay, à l’époque éditeur du journal La Minerve. Puis les années ont défilé et la fête s’est lentement transformée en événement social que tout le monde considérait comme un gros party annuel, jusqu’à l’arrivée de René Lévesque avec sa fibre nationaliste, qui a réinvesti la célébration pour lui donner une signature québécoise. Le défilé du petit saint Jean Baptiste accompagné d’un mouton, alors emblématique d’un peuple qui avait été délaissé, servait de démonstration nationaliste nourrie par de fervents séparatistes. La fête est devenue politique, alors que son but était de souligner notre fierté.
Revenons à l’essentiel et fêtons le Québec tout le monde ensemble, les pures laines comme les autres arrivés plus tard. C’est pas la place qui manque! Et surtout, faisons honneur à notre réputation de peuple le plus accueillant du monde. Jean le Baptiste vient de Judée et il est le patron des Québécois, ce qui fait de lui un pure laine: la preuve que l’origine de quelqu’un vaut la même chose que sa destination. Si l’on fait abstraction des frontières, des langues, des cultures et des religions, on se retrouvera tous ensemble à la même fête.
Bonne Saint- Jean, mes frères et mes soeurs! Le 24 juin, c’est le jour F: que cette fête soit la plus belle, à la hauteur de ceux qu’elle honore, les Québécois et leurs amis, c’est-à- dire ceux qui y croient. Un peuple, ce sont des individus sur la même longueur d’onde que leurs voisins, peu importe la couleur de leurs vêtements.