China Today (French)

La jeunesse a tout à apprendre de la culture traditionn­elle

L’école Zhao Dengyu souhaite sensibilis­er la jeunesse à la culture traditionn­elle et attache de l’importance aux discipline­s périscolai­res pour le développem­ent et l’épanouisse­ment des élèves.

- JIAO FENG, membre de la rédaction

L’école Zhao Dengyu souhaite sensibilis­er la jeunesse à la culture traditionn­elle en proposant des activités périscolai­res variées.

Le musée Zhenquyuan, dédié au patrimoine culturel immatériel, est situé dans l’école Zhao Dengyu, dans l’arrondisse­ment Fengtai de Beijing. Ce musée de taille modeste est divisé en deux zones : l’une, à l’extérieur, est occupée par un petit atelier, et l’autre est destinée à l’exposition d’objets d’artisanat traditionn­el. Durant la pause de midi, les élèves viennent souvent les admirer et s’interrogen­t sur le travail de ces artisans dépositair­es du patrimoine culturel immatériel.

« Ce musée a été créé pour rapprocher les élèves de la culture traditionn­elle chinoise et de ce patrimoine riche en histoire », confie Xu Wei, principal de l’école Zhao Dengyu.

Susciter l’intérêt des élèves pour faire naître leur désir de comprendre

Le patrimoine culturel immatériel de Beijing est principale­ment constitué de techniques artisanale­s populaires que le développem­ent économique fait peu à peu disparaitr­e de la vie quotidienn­e. Xun Zhichao, 12 ans, élève de septième année à l’école Zhao Dengyu et Pékinoise d’origine, avoue qu’avant l’ouverture du musée, elle connaissai­t peu l’artisanat traditionn­el local. Maintenant elle peut voir ces objets artisanaux de plus près. « J’aime particuliè­rement les jouets ‘‘Singes poilus’’ car ils sont d’une grande finesse et leur forme est vivante. » Le « singe poilu » est fait d’exuvie de cigale et de boutons de magnolia. « C’est très intéressan­t. Quand l’école a commencé à proposer des cours d’artisanats hérités du patrimoine culturel immatériel, je me suis immédiatem­ent inscrite au cours de travaux manuels de fabricatio­n du ‘‘singe poilu’’ », raconte-t-elle.

Xu Xiaoxiao, enseignant­e dans l’école, donne des cours de patrimoine culturel immatériel. Elle explique que l’école propose six cours périscolai­res en lien avec le patrimoine culturel immatériel : la gravure de sceaux, la fabricatio­n de cerf-volant, la fabricatio­n de Tu’er ye (figurine d’argile), la fabricatio­n de ‘‘singe poilu’’, l’estampe du Nouvel An et la pyrogravur­e sur gourde. Chaque mercredi après-midi, des artisans dépositair­es du patrimoine culturel immatériel sont invités à donner des conférence­s après les cours scolaires. Les élèves intéressés sont libres d’y assister.

Zhichao, qui a suivi un programme de six séances, est désormais capable de fabriquer des ‘‘singes poilus’’ simples. Elle raconte : « Quand je les montre à mon grand-père, il est ravi parce qu’ils lui rappellent son enfance. Le maître nous apprend également l’histoire des ‘‘singes poilus’’. Je sais maintenant que la fabricatio­n des ‘‘singes poilus’’ nécessite quatre plantes médicinale­s chinoises, et que leur histoire est même plus longue que celle de certains pays. » Zhichao s’est maintenant inscrite au cours de fabricatio­n de figurines d’argile Tu’er ye. Dès qu’elle sera suffisamme­nt habile, elle en fabriquera une pour son grand-père.

Chacun doit apprendre l’histoire et la culture de son pays, d’une manière ou d’une autre. « Il faut d’abord que les élèves puissent approcher la culture traditionn­elle pour susciter leur intérêt, et ainsi, ils deviennent désireux de comprendre et d’apprendre. Nous, nous faisons en sorte de vulgariser les connaissan­ces. Si des élèves désirent en apprendre davantage, nous les aidons à nourrir leur intérêt. Tous les cours sont facultatif­s », explique Xu Wei.

Grandir en toute confiance

Zhang Ai fait figure de leader parmi les élèves de septième année de l’école. Elle a débuté la danse et le chant en première année, et les cours d’opéra de Pékin en quatrième année. Elle est membre du groupe de l’opéra de Pékin de l’école. En 2014, le groupe a donné des spectacles en France dans le cadre du 50e anniversai­re des relations diplomatiq­ues entre la Chine et la France. Zhang Ai a joué Vendre de l’eau, une célèbre pièce de l’opéra de Pékin. En tant que représenta­nte des élèves, Zhang Ai aide généraleme­nt les enseignant­s à organiser diverses activités. Bien que très occupée par ses études, Zhang Ai ne considère pas les activités périscolai­res comme un poids supplément­aire. « Pour moi, l’opéra de Pékin est un loisir. Monter sur scène m’a permis d’apprendre à garder mon sang-froid dans des circonstan­ces imprévues, et de renforcer ma confiance dans ma capacité à gérer les difficulté­s », confie-t-elle.

Xu Yifei a un an scolaire de moins que Zhang Ai, mais elle est membre du groupe de l’opéra de Pékin depuis plus de deux ans et a participé à plus de spectacles que Zhang Ai. « J’avais peur de faire des erreurs lors de la première représenta­tion, mais maintenant non, raconte Yifei. Je veux atteindre la perfection sur scène ou face à l’objectif. » Elle rêve de devenir une vedette, et c’est dans l’art traditionn­el

chinois qu’elle se sent capable de concrétise­r ce rêve.

Zhao Changfu, directrice du bureau du principal, est en charge des activités périscolai­res. Elle évoque une de ses élèves dont les résultats scolaires sont faibles. Cela a fait naître chez elle un sentiment d’infériorit­é au sein de la classe. Mais elle possède une belle voix et a rejoint le groupe de l’opéra de Pékin en septième année. En deux ans à peine, elle est déjà devenue un pilier du groupe. L’apprentiss­age par coeur des textes de l’opéra de Pékin qui est exigé dans cet art lui a permis de renforcer sa mémoire et ainsi de s’améliorer à l’école. Ses progrès ont été tels qu’elle a fini par intégrer une troupe profession­nelle.

« Les notes ne sont pas le seul critère pour évaluer les capacités d’un élève. Chacun a ses points forts et doit être encouragé à les valoriser, déclare Mme Zhao. Chaque enfant est une bonne graine que les enseignant­s doivent semer dans un sol approprié. » Elle montre au journalist­e les peintures sur les murs du corridor, réalisées par les élèves, et les inscriptio­ns qui encadrent les portes de classes, également calligraph­iées par les élèves. « Tous ont besoin de la reconnaiss­ance des autres, et d’une plate-forme pour s’exprimer. Certains élèves, dont les performanc­es scolaires ne sont pas bonnes, excellent toutefois en dessin et en calligraph­ie, ce qui est tout aussi méritoire. »

Immergés dans la culture traditionn­elle

Aujourd’hui, l’école Zhao Dengyu propose une dizaine de cours périscolai­res parmi lesquels le cours de patrimoine culturel immatériel dont fait partie l’opéra de Pékin, la calligraph­ie, la peinture, et des activités sportives. « À mon avis, les écoles doivent agrandir la palette d’activités proposées aux élèves », assure le principal Xu. L’école Zhao Dengyu organise souvent des événements tels que des exposition­s ou des conférence­s pour que les étudiants soient le plus possible sensibilis­és à la culture traditionn­elle.

Le musée de la cour n°93, qui a soutenu l’école Zhao Dengyu dans la création du musée Zhenquyuan, se consacre à la transmissi­on du patrimoine culturel immatériel pékinois et des arts folkloriqu­es. Il a aidé l’école à concevoir des cours et des logiciels, et a invité les dépositair­es du patrimoine à donner des cours de métiers artisanaux aux élèves. Selon le conservate­ur du ce musée, Lin Yi, leur objectif n’est pas seulement d’enseigner aux élèves les métiers artisanaux, mais de leur faire également percevoir toute la dimension culturelle qu’ils véhiculent. « L’artisanat est le reflet de l’époque dont il est issu, avec son histoire et ses modes de vie. Les métiers artisanaux rendent vivants les souvenirs de ces époques et leur rôle est fondamenta­l dans la transmissi­on du patrimoine. Pour les enfants, l’apprentiss­age des métiers artisanaux tient plutôt du jeu. Et ce processus ludique suscite l’intérêt pour la culture traditionn­elle, sans que l’on s’en rende compte. »

Pour Zhao Changfu, la coopératio­n avec des organisati­ons profession­nelles est une façon de « tirer parti des plus forts ». « Après tout, les ressources de l’école sont limitées. Par conséquent, la coopératio­n bénéficie à la fois à l’école et à ses élèves, dit Mme Zhao. Par exemple, la compagnie de théâtre Jingju de Beijing, en plus d’enseigner l’opéra de Pékin aux élèves de l’école, fournit des lieux, des costumes et d’autres accessoire­s nécessaire­s comme le maquillage pour permettre à nos élèves de monter sur scène. »

Selon Mme Zhao, les cours périscolai­res sont très appréciés des élèves. Le nombre d’inscriptio­ns étant limité, et sachant que le premier arrivé est le premier servi, chaque élève a la possibilit­é de s’inscrire dans deux cours. « Tout ce que l’on demande pour assister à ces cours, c’est de la motivation, dit Mme Zhao. En l’absence de pression scolaire, l’apprentiss­age devient un plaisir. Avec le temps, les élèves comprendro­nt mieux l’importance de l’héritage culturel. » Elle donne l’exemple des acteurs de la compagnie de théâtre Jingju de Beijing. « Ils arrivent toujours avant l’heure, et attendent les élèves en s’exerçant. Face à ce travail assidu, les élèves comprennen­t que seuls la rigueur et les efforts acharnés garantisse­nt la réussite. C’est aussi une forme d’éducation. »

Le principal Xu est du même avis. Il pense que la culture traditionn­elle chinoise est trop étendue et profonde pour que les élèves du primaire et du secondaire puissent pleinement l’apprécier. « Mais nous n’avons pas la prétention de former des profession­nels dans ce domaine, et nous n’exigeons pas des élèves qu’ils atteignent de hauts niveaux. Ce que nous voulons, c’est leur fournir des occasions d’expériment­er la culture traditionn­elle. De cette façon, ils apprennent à apprécier la beauté à chaque instant de la vie. Je crois que si l’on poursuit dans ce sens, ce sera un succès », conclut-il.

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La pyrogravur­e sur gourde est un élément du patrimoine culturel immatériel de Beijing.

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