20 Minutes (Bordeaux)

En masse !

La République en marche a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée, dimanche. Le mouvement d’Emmanuel Macron va devoir maintenant gérer ces centaines de députés, parfois novices et aux sensibilit­és multiples.

- Thibaut Le Gal

Al’Assemblée, plus on est de fous, plus on risque. La République en marche va faire une entrée fracassant­e au Palais-Bourbon. D’après les estimation­s de plusieurs instituts de sondages, LREM et son allié du MoDem ont ravi dimanche près de 360 sièges. Un score très largement au-dessus de la majorité absolue de 289 élus. Cette vague devrait permettre à Emmanuel Macron de gouverner en toute quiétude. A moins qu’une telle majorité soit difficile à gérer. « Nous allons avoir beaucoup d’élus, presque trop. Il va falloir les encadrer pour éviter le foutoir », aurait déclaré le chef de l’Etat, selon Le Canard enchaîné. « Ce sont des problèmes de riches, sourit Arnaud Leroy, porte-parole de LREM. Les profils sont variés et chacun trouvera sa place. Il y aura des sensibilit­és et des débats, mais pas de fronde politicien­ne, car nous nous sommes engagés sur le programme d’Emmanuel Macron et personne n’aura de compte à rendre envers telle ou telle motion partisane. »

« Pas des neuneus »

Pour briefer les nouveaux et éviter tout faux pas, un « séminaire de travail et de cohésion » est prévu. « Le renouvelle­ment inquiète certains en France, mais on n’envoie pas des neuneus à l’Assemblée… poursuit l’ancien député PS des Français de l’étranger. Ce sont des gens qui ont réussi dans leur vie privée, profession­nelle ou artistique. Je suis sûr qu’ils seront meilleurs députés qu’un Henri Guaino ou un Jacques Myard. » La Ve République a déjà connu des majorités absolues, parfois difficiles à manier. « Une grande partie des gaullistes de 1958 étaient aussi des hommes neufs, peu acclimatés à la mécanique parlementa­ire. La vague rose de 1981 était aussi un renouvelle­ment important, la vague bleue de 1993 également, rappelle l’historien Jean Garrigues, spécialist­e de l’histoire politique contempora­ine. Ces majorités n’ont pas toujours été faciles à gérer, car elles étaient des majorités de synthèse. Les gaullistes gouvernaie­nt par exemple avec la droite libérale qui s’opposait sur la question algérienne. » Emmanuel Macron aura-t-il lui aussi ses frondeurs ? « On souhaite que les députés soient dans la contestati­on positive », avance Jean-Paul Delevoye, président de la commission d’investitur­e LREM. Chaque candidat s’est d’ailleurs engagé par écrit à voter le « pacte avec la nation » du chef de l’Etat. Les adversaire­s d’Emmanuel Macron ont, eux, trouvé leur angle d’attaque. François Baroin a raillé les futurs « députés godillots »; Mélenchon les « pantins » et les « pingouins ».

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L’Assemblée nationale, en juillet 2012.
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