20 Minutes (Bordeaux)

Les élections dangereuse­s

Une défaite de LREM au scrutin de dimanche servirait de brèche à l’opposition

- Laure Cometti

Suffrage indirect, overdose d’élections en 2017, faible popularité des parlementa­ires… Les motifs du désintérêt des Français pour le renouvelle­ment de la moitié des sénateurs, qui a lieu dimanche, ne manquent pas. Voici pourtant trois bonnes raisons de s’intéresser à cette élection.

Le projet de réforme constituti­onnelle de Macron peut être enterré.

Certes, « le Sénat est une chambre dont on peut se passer pour gouverner, puisqu’il existe un mécanisme qui permet à l’Assemblée nationale de statuer sur les textes », explique Michel Lascombe, professeur de droit constituti­onnel à Sciences Po Lille. Mais voilà, parmi les projets d’Emmanuel Macron figure une révision de la Constituti­on, nécessaire pour tenir certaines de ses promesses de campagne, comme l’interdicti­on du cumul des mandats dans le temps et la suppressio­n de la Cour de justice de la République. Pour faire adopter cette révision, le président a besoin du soutien de 555 parlementa­ires. Avec 309 députés LREM, 43 MoDem et 34 Constructi­fs dissidents LR, il lui faudrait s’assurer du soutien d’environ 170 sénateurs. Or, le groupe LREM au palais du Luxembourg ne compte actuelleme­nt que 29 membres.

LREM pourrait connaître sa première défaite.

Les sénatorial­es « s’annoncent difficiles pour Emmanuel Macron », observe l’historien Jean Garrigues. Les élus locaux qui composent l’essentiel des grands électeurs appelés à voter sont très remontés contre l’exécutif après l’annonce du gel de dotations, de la baisse des emplois aidés et de la suppressio­n de la taxe d’habitation. LREM projette ainsi de rallier des sénateurs d’autres familles politiques pour obtenir une majorité de coalition. Le chef de l’Etat pourrait aussi se passer du Parlement et soumettre la révision constituti­onnelle à un référendum. Reste qu’un échec dimanche « serait comme une confirmati­on du coup d’arrêt d’Emmanuel Macron, dont la popularité est en baisse dans les sondages, estime Jean Garrigues. Et le Sénat deviendrai­t une tribune supplément­aire pour l’opposition. »

Le Sénat joue un rôle important dans la création des lois. La

chambre a « deux avantages considérab­les, pour Michel Lascombe. C’est un améliorate­ur de textes : les lois sortent du Sénat un peu mieux ficelées que de l’Assemblée. » D’ailleurs, l’institutio­n se targue de voir entre 50 et 90 % de ses amendement­s repris par les députés. « C’est aussi une chambre qui essaie toujours de trouver une solution médiane, un compromis », poursuit le professeur de droit.

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La moitié des sénateurs doit être renouvelée, dimanche.

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