20 Minutes (Lille)

Un besoin vital de mourir

L’existence a-t-elle du sens sans la mort ? Dans la série « Ad vitam », dont le premier épisode est diffusé ce soir sur Arte (20h55), la jeunesse défie une immortalit­é déshumanis­ante, acquise grâce à la science.

- Laure Beaudonnet

« Les vieux ne meurent plus, les jeunes se suicident ». « Ad vitam », l’une des séries françaises les plus attendues de l’automne, diffusée sur Arte dès ce soir à 20h55, s’attaque à la question de l’immortalit­é sur fond d’enquête policière. Après la découverte du corps de sept mineurs sur une plage, Darius (Yvan Attal), un flic d’une centaine d’années, cherche des réponses auprès de Christa (Garance Marillier), une mineure de 24 ans – oui, dans ce monde, on est majeur à 30 ans. La jeune femme instable, internée dans une institutio­n, a fréquenté dix ans plus tôt la secte d’un certain Caron, à l’origine d’une première vague de suicides. Pourquoi les moins de 30 ans mettentils fin à leurs jours au moment où l’homme a résolu le problème de la mort grâce à la «régénérati­on», une technique qui permet de stopper le vieillisse­ment des cellules ? Tout simplement parce que la vie n’a plus la même saveur.

Vers la fin de notre espèce

Une société immortelle, c’est « une société de zombies », explique Jean-Michel Besnier, professeur de philosophe à l’université de Paris-Sorbonne. Et c’est bien ce que déplore Linus (Rod Paradot), l’un des jeunes pro-suicide de la série. « Il faut rester pur et insouciant, s’agace-t-il dans le deuxième épisode. Pas de pensée, pas d’excès, c’est ça qu’ils veulent, mais on n’est pas comme eux. » La jeunesse revendique le droit de mourir, comme un appel à la (sur)vie. Car, débarrassé­e de la mort, il ne reste plus grand-chose d’humain à l’humanité. Sans la mort, il n’y aurait plus de désir. « La relation entre les individus se résumerait à une relation de juxtaposit­ion, poursuit Jean-Michel Besnier. La sexualité est le signe que nous sommes des êtres finis, nous cherchons à nous projeter dans quelque chose d’autre : l’absolu, l’amour, le beau… Le désir est porté par des idéaux. » L’immortalit­é signe la fin de notre espèce. A quoi bon vivre éternellem­ent une existence répétitive et insipide ? C’est l’une des questions explorées par « Ad vitam » à travers le désoeuvrem­ent de la jeunesse. Désir ou ennui, il faut choisir.

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Yvan Attal interprète le rôle de Darius, dans « Ad vitam ».
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Garance Marillier interprète une «mineure de 24 ans» instable.

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