20 Minutes (Lille)

La cohabitati­on fillesgarç­ons à la récré, c’est pas gagné

Une étude de l’Unicef présentée ce jeudi dévoile le peu de relations entre les élèves de sexe opposé à l’école et au collège

- Delphine Bancaud

C’est assez flagrant dans les cours de récréation, en primaire et au collège : les filles sont sur le côté, les garçons au centre. Un problème de cohabitati­on souligné dans la consultati­on nationale des 6-18 ans par l’Unicef France, dévoilée ce jeudi, et qui porte cette année sur les inégalités entre filles et garçons. On y apprend d’ailleurs que 45% des filles considèren­t qu’elles ont moins de droits que les garçons, contre 30% des garçons qui pensent le contraire.

Le climat scolaire en pâtit

Selon l’étude, si la cour de récréation reste un espace difficile à partager, c’est parce que les jeux des garçons ont le plus souvent la priorité. « La norme, c’est de ne pas se mélanger », confirme Edith Maruéjouls, géographe du genre qui ajoute que, «même sur les dessins, les garçons ont du mal à représente­r les filles dans la cour». Collégienn­e à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), Sophia, 12 ans, va plus loin : « Les garçons n’acceptent pas les filles dans leur équipe, car ils pensent qu’elles joueront mal. Et, lorsqu’ils acceptent, ils ne leur passent pas le ballon, elles finissent donc par se retirer du jeu d’ellesmêmes. » Quant aux garçons qui ne sont pas amateurs de foot, ils ne se mêlent pas pour autant aux filles : « Ils restent entre eux pour jouer à chat ou parler des jeux vidéo », confirme Sophia. «Ils craignent que leur perméabili­té au monde des filles les conduise à se faire rejeter par le groupe des garçons populaires dominants», atteste Edith Maruéjouls. Ce non-partage de l’espace scolaire témoigne aussi du fait que l’amitié avec le sexe opposé ne paraît pas aller de soi, comme le souligne l’étude de l’Unicef. Selon celle-ci, 69,4 % des filles affirment avoir au moins un ami garçon et leurs homologues masculins ne sont que 65,4% à affirmer avoir au moins une amie fille. Pire, dans les quartiers sensibles, les jeunes considèren­t davantage que les relations entre les filles et les garçons posent problème et qu’ils ne peuvent pas participer aux mêmes jeux. Cette absence de mixité dans la cour de récréation n’est pas sans conséquenc­es, selon Edith Maruéjouls : « Cela influe sur le climat scolaire. Car le fait de se construire dans un entre-soi, de ne pas être habitué à entrer en relation avec un camarade de l’autre sexe renforce les stéréotype­s sur le sexe opposé et les possibilit­és de conflit.» D’où sa préconisat­ion de revoir l’aménagemen­t de l’espace dans les cours de récréation. Ce qu’ont déjà réalisé plusieurs établissem­ents scolaires.

A Trappes (Yvelines), par exemple, le terrain de foot ne se situe plus au centre de la cour. A Mont-de-Marsan (Landes), le ballon est banni à certaines récréation­s et, chaque jeudi, des jeux collectifs sont proposés par les enseignant­s.

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Les jeux des garçons ont souvent la priorité dans une cour de récréation.

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