« Cette abstention pose souci à notre démocratie »
Au second tour, près de 57 % des inscrits se sont abstenus
Quelque 47 millions d’électeurs étaient appelés pour le second tour des élections législatives . Plus de la moitié ne s’est pas déplacée. L’abstention atteind près de 57 %, un record sous la Ve République.
20 Minutes a interrogé Céline Braconnier, directrice de Sciences Po SaintGermain-en-Laye et coauteure de La
Démocratie de l’abstention (Gallimard).
L’abstention est plus élevée qu’au premier tour. Est-ce une surprise ?
Au cours des trois dernières élections législatives, le taux d’abstention a été plus fort au second tour, mais l’ampleur était moins grande que dimanche. Avec six points de participation en moins, c’est un record historique.
Comment expliquer cette désaffection ?
Des facteurs sociologiques et politiques contribuent à expliquer ce chiffre. Beaucoup d’électeurs ont pu être découragés par le fait que les résultats de l’élection, la vague Macron, ont été annoncés avant même que le scrutin n’ait lieu. Cela a pu vider de son sens le scrutin. Ensuite, il n’y a pas eu de campagne électorale d’assez forte intensité pour mobiliser les électeurs peu politisés. D’ailleurs, dans tous les scrutins, hormis la présidentielle, l’abstention progresse nettement.
Sait-on qui sont les abstentionnistes ?
Les premiers à s’abstenir sont les jeunes, les 18-30 ans. Au premier tour, ils étaient 64 %, c’est-à-dire bien audessus de la moyenne nationale (51,30 %). Les personnes âgées, même si elles ne croient plus en la politique, le font par devoir. A ce clivage générationnel s’ajoute une dimension sociale, car les quartiers populaires s’abstiennent également davantage. Bien sûr, ceux qui se sont déplacés décident, mais finalement les députés sont élus par une toute petite base électorale. On aura une Assemblée élue par des gens plus âgés, plus diplômés, et plus riches que la moyenne. Ce record d’abstention pose souci à notre démocratie.