20 Minutes (Montpellier)

Le scandale prend corps

L’Office d’indemnisat­ion examine, ce jeudi, les premiers dossiers d’enfants qui auraient subi des malformati­ons ou connu des troubles autistique­s à cause du médicament. Des milliers de familles sont concernées.

- Vincent Vantighem

A4 ans, Andrea, scolarisé dans une maternelle de Haute-Savoie, ne sait sans doute pas que son cas va faire l’objet de débats à plus de 500 kilomètres de là, à Paris. Selon nos informatio­ns, le dossier médical de ce petit garçon sera, ce jeudi, l’un des premiers à être examinés par le collège d’experts de l’Office national d’indemnisat­ion des accidents médicaux (Oniam), qui planchent sur le valproate de sodium. Soit la molécule contenue dans la Dépakine et d’autres médicament­s anti-épileptiqu­es. Sur le marché depuis 1967, il est aujourd’hui soupçonné, s’il est prescrit à une femme enceinte, de provoquer chez l’enfant à naître des risques de troubles du comporteme­nt et de malformati­ons.

« Début octobre, 2521 familles se sont manifestée­s. » Marine Martin, présidente de l’Apesac

Caroline en a pris pendant sa grossesse en 2013. Os du front soudés, problèmes à l’urètre et aux testicules, hernies inguinales, difficulté­s respiratoi­res… La liste des malformati­ons décelées sur son fils a déjà contraint ce dernier à subir quatre lourdes opérations chirurgica­les. Ce n’est qu’il y a un an, en lisant des articles sur Internet, que ses parents ont fait le rapprochem­ent avec le traitement contre l’épilepsie pris par Caroline durant sa grossesse. Elle a donc constitué un dossier pour l’Oniam. Ce jeudi, les experts vont donc être chargés de confirmer, ou non, le « lien de causalité » entre le valproate de sodium contenu dans la Dépakine et l’état de santé d’une dizaine d’enfants, dont Andrea. Si ce lien est établi, un comité devra faire une propositio­n d’indemnisat­ion à la famille de Caroline. Et à toutes les autres victimes potentiell­es, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Marine Martin, présidente de l’Apesac, associatio­n agréée par le ministère de la Santé pour mener la première action de groupe de France, indique que « début octobre, 2521 familles s’étaient manifestée­s, ce qui représente 5047 enfants ». Selon nos informatio­ns, l’Etat aurait déjà prévu une enveloppe de 77 millions d’euros dans le projet de loi de financemen­t de la Sécurité sociale, rien que pour 2018, en vue d’une indemnisat­ion. Une première étape puisque la Cour des comptes a chiffré à 424,2 millions d’euros le coût de ce scandale sanitaire au total.

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Les victimes de l’anti-épileptiqu­e Dépakine espèrent être indemnisée­s.

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