20 Minutes (Montpellier)

Tarascon-sur-Ariège s’enlise dans son désert médical

Dans les déserts médicaux, comme Tarascon-sur-Ariège, la pénurie de médecins est criante

- De notre envoyée spéciale à Tarascon-sur-Ariège, Hélène Menal

Ala veille de la présentati­on d’un plan national pour l’accès aux soins, 20 Minutes s’est rendu au pied des Pyrénées, à Tarascon-surAriège. Un panneau hôpital par-ci, un autre par-là, pour un soi-disant désert médical, la bourgade semble bien lotie. « C’est un attrape-couillons, tous les skieurs vous le diront », corrige Christine. « L’hôpital » local est une maison de retraite couplée à une maison de convalesce­nce. Le maire, Alain Sutra (PRG), y tient comme à la prunelle de ses yeux, et envisage de le reconstrui­re (à condition qu’un médecin daigne venir y travailler). Mais ce n’est pas le genre d’établissem­ent où l’on se pointe le dimanche parce qu’on a de la fièvre.

« Un seuil psychologi­que »

Avec trois généralist­es, débordés et plus tout jeunes, Tarascon-sur-Ariège est donc un désert médical. Selon l’ordre des médecins, le secteur compte un généralist­e pour 2190 habitants, presque trois fois moins que la moyenne nationale. « Pourquoi vous croyez qu’on se soigne tous avec des plantes ? Même les plus réfractair­es y viennent », lâche Hadji. La trentenair­e descend d’Ax-lesThermes (à quelque 30 km) pour se faire prescrire la pilule. « Deux heures d’attente, sans compter le trajet, forcément, faut poser une matinée de RTT ! » Pour consulter un spécialist­e, il y a le Chiva, le centre hospitalie­r du Val d’Ariège, à 22 km. « Le monsieur qui lit les radios travaille aussi à Toulouse, alors il y a des jours où c’est fermé », croit savoir Christine. Pour enlever un grain de beauté, le fils de Pascale a dû aller dans la Ville rose. « Une heure de route, c’est pas la mer à boire. On se demande pourquoi les médecins ne viennent pas s’installer ici. Il doit y avoir un seuil psychologi­que. » Jackie et Claire se montrent philosophe­s : « Nous, ça va, on conduit, mais pour les personnes âgées ou les mères de famille, c’est très compliqué. » Une vallée plus loin, dans le pays d’Olmes, Gérald Sgobbo, le président de la communauté de communes, a fait venir il y a quelques années un médecin roumain. Il a été plutôt mal accueilli par les praticiens locaux. Et son épouse, elle aussi médecin, n’ayant pas trouvé de travail, ils se sont installés ailleurs. « Le souci, dans nos vallées touchées par la déprise industriel­le, c’est aussi de fournir un travail au conjoint », affirme l’élu. Présidente départemen­tale de l’ordre, Catherine Guintoli résume : la priorité absolue est de « revalorise­r la médecine générale ».

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Dans le secteur de Tarascon-sur-Ariège, il y a seulement un médecin généralist­e pour 2190 habitants.

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