20 Minutes (Montpellier)

« Si je peux avoir une notoriété… »

Cyclisme Onzième du Tour, Guillaume Martin espère surfer sur ses bonnes performanc­es

- Propos recueillis par William Pereira

Chassé-croisé dans un hôtel parisien, non loin de la tour Eiffel. Joueuses et joueurs de tennis débarquent en marge de Roland-Garros quand les cyclistes, le coeur et les jambes lourdes, font leur checkout. Assis à l’accueil avec sa compagne, Guillaume Martin attend. Premier Français au général (11e), il espère que ses performanc­es vont lui permettre de gagner en notoriété.

Quel est votre ressenti après ce Tour ?

Je me sens bien. Je me sens fatigué, bien sûr, parce qu’on sort toujours lessivé d’un Tour. Mais, finalement, c’est celui dont je sors dans les meilleures conditions. J’ai vraiment la sensation d’être frais sur cette troisième semaine, même si, au niveau des résultats bruts, on a pu avoir l’impression que je baissais en régime.

Justement, vous étiez bien lancé en première semaine, avant de redescendr­e au général à cause d’une chute…

Je suis plutôt de nature à ressasser et, étonnammen­t, cette année, malgré ces quelques coups du sort, je l’ai plutôt bien vécu. Ce que je retiens, c’est que j’ai fait un bon Tour, je n’étais pas loin de gagner une étape, pas loin de porter le maillot jaune, j’ai longtemps été sur le podium du général. Je sens que j’ai progressé.

Pensez-vous avoir placé votre nom sur la carte des coureurs français qui comptent pour le public?

C’est sûr que, au fur et à mesure que la course avançait, j’entendais des « Allez Martin », je voyais mon nom marqué sur la route, c’est plutôt agréable. Par rapport à d’autres leadeurs du cyclisme français, j’étais un peu sous-médiatisé. Mais je pense que, par rapport à mes résultats, si je peux avoir une notoriété, elle n’est pas volée. Certaines de vos offensives ont moyennemen­t réjoui les JumboVisma. Le compreniez-vous ? Quand je commençais à reculer au général, je me disais que je pouvais avoir un bon de sortie. Mais la JumboVisma m’a dit : « Tu es trop près, on ne te laissera pas partir. » C’est la course, je ne vais pas non plus pleurniche­r. Je le vois aussi comme une forme de respect et de reconnaiss­ance.

Les performanc­es de la JumboVisma et de Tadej Pogacar ainsi que les quelques records battus interpelle­nt. Le climat de suspicion autour du dopage dans le vélo est-il une fatalité ?

A cause de l’histoire de notre sport, on est condamnés à voir la question du dopage revenir. Pour les coureurs, c’est toujours compliqué [de plaider la bonne foi]. Un journalist­e m’a demandé plusieurs fois si on m’avait proposé de me doper, et la réponse est non. C’est la vérité. Je suis un peu piégé quand je parle de dopage, parce que quand bien même je le critique, j’ai l’impression indirectem­ent d’y être associé.

« Si je commence à être suspicieux, je me décourage et j’arrête le vélo. »

Comment peut-on expliquer ces records, ces rythmes, que beaucoup ont qualifiés de supérieurs aux années précédente­s ?

Si je commence à être suspicieux, je me décourage et j’arrête le vélo. En ce qui me concerne, le confinemen­t m’a été profitable. Ça m’a permis de me reposer, de me régénérer, de faire un stage en altitude. Dans mes valeurs biologique­s, j’ai vu que j’étais plus frais, que j’avais progressé et je l’ai tout de suite ressenti dès la reprise. On ne peut pas comparer des valeurs d’il y a dix ou quinze ans à des valeurs d’aujourd’hui. Les revêtement­s des routes ne sont pas les mêmes, les textiles, la mécanique, la météo. Tout ça, c’est différent.

 ??  ?? Guillaume Martin.
Guillaume Martin.

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