20 Minutes (Nantes)

La piscine va déborder

La constructi­on en France d’un nouveau bassin de stockage des déchets est à l’étude

- Fabrice Pouliquen

EDF voulait rester discret sur ce dossier. Raté. Mardi, Reporterre a publié le premier volet d’une enquête sur les réflexions en cours entre le gestionnai­re du parc nucléaire français et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en vue de construire un nouveau bassin de stockage des combustibl­es radioactif­s usés en France. Et, selon le quotidien en ligne spécialisé dans l’écologie, c’est la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher) qui hériterait de ce site hautement sensible. Le parc nucléaire français – 58 réacteurs répartis dans 19 centrales – produit chaque année 1 200 tonnes de combustibl­e usé. Ce dernier est une première fois plongé dans les bassins de stockage remplis d’eau de la centrale où il est produit. Puis, deux ou trois ans après, il est acheminé jusqu’au centre de retraiteme­nt des déchets radioactif­s de La Hague (Manche) où il est à nouveau plongé dans un bassin, pour trois à quatre années. Ce n’est qu’ensuite qu’il peut être retraité. Le problème, c’est qu’après avoir accueilli pendant quarante ans ce combustibl­e usé, le site normand arrive à saturation. Ce qui n’a jamais été caché, insiste EDF auprès de 20 Minutes : « Dans son dernier plan national de gestion des déchets radioactif­s, l’ASN nous demand[ait] de réfléchir à de nouvelles modalités d’entreposag­e pour 2025-2035, horizon pour lequel le site de La Hague ne suffira[it] plus forcément. » De fait, le producteur et fournisseu­r d’électricit­é a remis en juin un dossier à l’ASN, mais assure n’avoir encore « arrêté aucun site pour accueillir cette future piscine ». Plusieurs pistes seraient étudiées.

« Un débat national »

De son côté, Reporterre affirme que les discussion­s sont bien plus avancées. A Belleville-sur-Loire, il s’agirait de construire une piscine capable d’accueillir entre 6000 et 8000 tonnes de métal lourd irradié. Elle recevrait en priorité du Mox usé (« mélanges d’oxydes », un mélange d’uranium et de plutonium). Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace, confirme que le site du Cher répond au « cahier des charges établi par l’ASN qui voulait une centrale géographiq­uement au centre de la France et raccordée au réseau ferroviair­e pour éviter le transport de la matière radioactiv­e par camion, jugé peu sûr ». Le projet nécessiter­ait alors « un vrai débat public national », estime Yves Marignac, directeur de l’agence sur l’informatio­n sur le nucléaire Wise-Paris, qui soupçonne EDF d’entretenir une opacité dans ce dossier pour retarder le plus possible la consultati­on du public.

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La capacité du bassin de La Hague, dans la Manche, arrive à saturation.

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