Les mesures annoncées peinent à convaincre
Politique Le discours d’Emmanuel Macron consacré aux quartiers prioritaires a déçu la plupart des invités, ce mardi à l’Elysée
La très attendue allocution d’Emmanuel Macron sur les banlieues a laissé sur leur faim une partie des habitants, associations, chefs d’entreprise et élus locaux invités à l’Elysée ce mardi. S’il a annoncé quelques mesures, il a surtout détaillé des dispositifs déjà effectifs et donné rendez-vous en juillet pour préciser ses objectifs. Faisant office de maître de cérémonie, l’humoriste Yassine Belattar a accueilli le public avec quelques vannes et des louanges pour Emmanuel Macron avant que ce dernier ne prenne la parole. « Je ne vais pas annoncer un plan ville, un plan banlieues », stratégie « aussi âgée que moi », a-t-il attaqué en se lançant dans un discours-fleuve. Appelant à « changer de méthode » pour sortir de l’« assignation à résidence » dans les quartiers défavorisés, il a d’abord vanté la police de sécurité du quotidien, expérimentée depuis le début de l’année, ou le dédoublement des classes de CP dans les quartiers prioritaires depuis la rentrée 2017.
Peu d’annonces concrètes
Loin de reprendre certains des dixneuf programmes du rapport Borloo, il a toutefois présenté des mesures, peu chiffrées, comme un plan de lutte contre le trafic de drogue, une opération de reconfiguration urbaine baptisé « coeur de quartiers » et un échange entre les préfets et les maires sur la présence dans leurs communes d’individus « à risque » fichés pour radicalisation islamiste. Seules annonces concrètes, 30 000 places en stages seront réservées dès l’automne 2018 à des élèves de troisième des quartiers prioritaires (15 000 seront allouées par des entreprises, 15 000 par les services de l’Etat) et les 120 entreprises françaises de la « SBF 120 » (Société des bourses françaises) seront soumises à un « testing » pour vérifier qu’elles ne font pas de discriminations à l’embauche. A la sortie, les invités interrogés par 20 Minutes étaient très déçus. Boris, qui travaille chez Kourtrajmé et vit à Clichy-sous-Bois, regrette que l’Etat ne mette pas plus l’accent sur la lutte contre l’échec scolaire, « dont découlent tous les autres problèmes ». « Rien n’a changé depuis les émeutes de 2005. Ils continuent de voir les habitants de la banlieue comme des consommateurs d’aides, de projets, de marchés, alors qu’il y a des expertises en banlieue », lâche de son côté Georges Gamthety, chef d’entreprise. D’autres semblent toutefois avoir été convaincus par le président, à en juger par l’attroupement réclamant selfie ou autographe. « Ceux qui sont venus avec leur RIB pour les 50 milliards, je vous rassure, ce sera pas aujourd’hui », avait vanné en préambule Yassine Belattar. Ce n’était pas vraiment du second degré.