20 Minutes (Nantes)

Murielle Bolle donne sa vérité dans un livre

Témoin clé dans l’affaire Grégory, elle publie ce jeudi un livre témoignage

- Vincent Vantighem

Les bons souvenirs sont aussi simples que rares. Il y a la soupe «riz, poireaux, patates et crème » de sa mère. Les matchs de foot avec Lulu, son frère, qui lui écorchaien­t les genoux. Les chansons de Johnny chantées à tue-tête, seule dans sa chambre vosgienne, « “Ma gueule”, surtout… » Murielle Bolle a choisi celle de ses 15 ans pour orner la couverture de Briser le silence (Michel Lafon), le livre qu’elle publie avec la collaborat­ion de Pauline Guéna, ce jeudi, trente-quatre ans après le début de l’affaire Grégory. Sur la photo, on la découvre, rouquine un peu bouffie, les yeux rougis par les larmes. Pareille à celle qui est apparue le 7 novembre 1984 au journal d’Antenne 2. «Je suis pas montée dans la voiture à Bernard (…). Je suis jamais allée sur Lépanges là où le gosse a été tué. Bernard, il a rien fait de mal», disait-elle alors. Il était temps que les «gens sachent» et que l’on «apprenne enfin la vérité », résume celle qui a aujourd’hui 48 ans. Un objectif inatteigna­ble. Car sa «vérité» est, en fait, connue depuis le début de cette affaire tragique. Devant les gendarmes, elle a laissé entendre que son beaufrère, Bernard Laroche, avait enlevé le «gosse». Qu’elle était dans sa voiture avec lui au moment des faits. Et puis, elle s’est rétractée.

Celle qui était surnommée « Bouboule » en 1984 n’aurait sans doute jamais écrit ce livre si elle n’avait pas à nouveau été placée en garde à vue en 2017. Mise en examen pour «complicité d’enlèvement de mineur de 15 ans ayant entraîné la mort», elle passe alors plusieurs semaines en détention provisoire. Yannick, son compagnon, ne le supporte pas et la quitte. Entre les lignes, on comprend que cette « trahison » a été à l’origine du livre dans lequel elle règle ses comptes avec ceux qui lui ont pourri la vie.

Les journalist­es, son père...

Les gendarmes, présentés comme des bourreaux d’enfants. Les journalist­es, des «rapaces» osant placer des micros jusque dans la chambre à coucher de ses parents. Son père, tellement porté sur la bouteille qu’il en a oublié de relire le procès-verbal dans lequel elle chargeait Bernard Laroche avant de le signer. Autant d’exemples censés faire comprendre à l’opinion publique qu’elle n’est, elle aussi, qu’une victime de toute cette affaire. Pour la croire vraiment, il faudrait découvrir ce qui est vraiment arrivé au petit Grégory. Le problème, comme l’écrit Murielle Bolle, c’est que, «dans les Vosges, on ne parle pas volontiers des choses difficiles… »

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Murielle Bolle, le 2 décembre 1993.

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