20 Minutes (Paris)

L’engouement pour le patrimoine incarné par «Elephant Man»

- Caroline Vié Stéphane Leblanc

« Cette semaine, des ressorties comme De Gaulle et La Bonne Epouse ont fait le job », raconte Renaud Florent Benoist, directeur du Colisée à Saint-Galmier (Loire). Sylvie Jaillet, au Ciné Festival à Ambérieu-en-Bugey (Ain), est également enchantée : « Nous avons réuni 150 spectateur­s pour Bohemian Rhapsody. Les gens sortaient avec le sourire en disant que le voir en salles était mieux que le DVD. » Elle est plus réservée pour l’avenir : « Dans ma salle, nous vivons l’été avec les gros films américains, et leur déprogramm­ation me fait craindre une baisse de fréquentat­ion ! » « Perdre Tenet et Mulan est une catastroph­e, confirme Arnaud

Vialle, exploitant à Sarlat [Dordogne]. Je ne vois pas ce qui pourrait remplacer le manque à gagner provoqué par l’absence de ces deux films très attendus. Je crains que les choses ne reprennent pas vraiment avant l’automne. Il va falloir tenir jusque-là, car ouvrir nos salles coûte cher. » Richard Patry, le patron des exploitant­s, espère malgré tout que cet état de fait « ouvre une porte au cinéma français ». Grâce à des comédies comme Tout simplement noir, de Jean-Pascal Zadi et John Wax, ou Divorce Club, de Michaël Youn, qu’il cite comme possibles locomotive­s.

Il a beau répéter : «Je ne suis pas un éléphant, je suis un être humain», c’est bien son aspect physique qui attire l’attention, mais aussi l’empathie qu’on peut ressentir vis-à-vis du destin hors norme de John Merrick, plus connu sous le nom d’Elephant Man. Avec près de 10000 entrées enregistré­es en une semaine, le film de David Lynch, qui fête ses 40 ans, verra son nombre de salles passer d’une soixantain­e dans l’Hexagone à presque cent dès ce mercredi.

Un chiffre impression­nant pour une reprise. « Quitte à retourner au cinéma, autant marquer le coup avec un chefd’oeuvre», lance Damien, en sortant de l’UGC Normandie à Paris. Un film mi-réaliste, mi-fantastiqu­e, qui retrouve son aspect métallique grâce à sa restaurati­on en 4K. «Avant d’être un film du patrimoine, c’est un film d’auteur accessible, explique Vincent Paul-Boncourt, le patron

« Un film emblématiq­ue des années 1980.» Vincent Paul-Boncourt, patron de Carlotta

de Carlotta, qui distribue le film en salles. C’est aussi un film emblématiq­ue des années 1980, que les anciens veulent faire découvrir aux jeunes. » «Cet engouement pour les films du répertoire n’est pas une surprise, se réjouit Sophie Seydoux, présidente de la Fondation Pathé-Jérôme Seydoux. La période de confinemen­t a amplifié la demande. »

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François-Xavier Demaison, Arnaud Ducret et Audrey Fleurot dans Divorce Club, de Michaël Youn.

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