20 Minutes (Rennes)

Marlène Schiappa à la rencontre de femmes battues

Marlène Schiappa a visité une structure girondine qui accueille des femmes battues

- A Bordeaux, Clément Carpentier

«Pendant un an, j’ai été obligée de continuer à vivre avec le père de ma fille, car il n’y avait pas de places pour m’accueillir. J’étais coincée. A n’importe quel moment, il pouvait recommence­r [à me frapper]. » Le témoignage d’Isabelle est glaçant. Mais la jeune femme refuse de « pleurer devant sa fille », au moment d’évoquer les violences conjugales subies pendant des années. Lundi, elle revenait à la Maison de Simone à Pessac, dans la banlieue bordelaise, à l’occasion de la visite de Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pendant sept mois, en 2014, Isabelle a fréquenté cette structure, qui accueille des femmes en détresse dans des appartemen­ts individuel­s. Une associatio­n « VIP », comme le dit Houda, sa copine et colocatric­e de l’époque.

Changer les comporteme­nts

« Dans les foyers d’urgence, vous êtes une parmi tant d’autres, témoigne-telle. Ici, j’étais Houda. J’étais dans un cocon. J’avais aussi cette sensation d’être protégée. » La plupart du temps, les femmes victimes de violences conjugales sont dirigées vers l’Apafed (Associatio­n pour l’accueil des femmes en difficulté) à Cenon, à côté de Bordeaux, dans la précipitat­ion. Ce qui fait dire à Céline Lafue, vice-présidente de l’associatio­n la Maison de Simone, qu’il « manque encore des places en Gironde comme dans toute la France. Parfois, dans des situations d’urgence, on trouve des hôtels, mais ce n’est pas évident. C’est vraiment la galère. » Forcément, pour Isabelle, cela a des conséquenc­es : « Il y a beaucoup de femmes qui n’osent pas partir, car elles ont peur de ne pas trouver de logement, de travail, d’aide… » En tout, la Maison de Simone, qui possède trois espaces de vie avec des chambres pouvant héberger femmes et enfants, une cuisine et des bureaux, accueille entre 10 et 14 familles par an. Un petit chiffre, par rapport au nombre de femmes victimes de violences conjugales. Mais Marlène Schiappa insiste sur le fait que « le budget alloué aux droits des femmes est à un record historique en 2018, avec 30 millions d’euros ». La secrétaire d’Etat appelle surtout les gens à changer certains comporteme­nts : « Les témoins de ces violences ont un vrai rôle à jouer. Le voisin, l’ami, le collègue de travail… ceux qui voient ces traces de coups ou entendent le désespoir de ces femmes doivent agir ! »

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Marlène Schiappa (à dr.) a rappelé que le budget alloué aux droits des femmes était de 30 millions d’euros en 2018.

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