20 Minutes (Rennes)

La réforme du statut de cheminot fait débat

Le métier de cheminot a évolué, comme le contexte économique et la SNCF elle-même

- Nicolas Raffin

Si vous voulez lancer un débat sur la SNCF, n’hésitez pas à parler du document « RH 0001 ». C’est sous cette appellatio­n que se cache le fameux « statut cheminot », que le récent rapport Spinetta entend supprimer pour les futurs employés. Aujourd’hui, environ 92 % des salariés de la SNCF (soit 140000 personnes) bénéficien­t du statut : outre l’emploi à vie, il offre des conditions avantageus­es pour les départs à la retraite (52 ans pour les conducteur­s, 57 ans pour les autres) et des « facilités de circulatio­n », c’est-à-dire la possibilit­é pour le cheminot et sa famille de circuler quasi gratuiteme­nt sur le réseau SNCF (avec une limite de 4 à 16 voyages par an, les frais de réservatio­n restant à leur charge). Si le rapport Spinetta juge que ce régime spécifique « pèse sur les coûts de l’entreprise », il n’en a pas toujours été ainsi. « Lorsque le métier de cheminot est apparu à la fin du XIXe siècle, les compagnies ferroviair­es se sont rendu compte qu’elles avaient tout intérêt à s’attacher durablemen­t une main-d’oeuvre rare et très qualifiée pour l’époque », rappelle Georges Ribeill, historien spécialist­e du domaine ferroviair­e. Le « statut » a donc été créé pour que les salariés restent fidèles à leur entreprise.

Concurrenc­e à venir

Quasiment cent ans après la création du premier statut « unifié » des cheminots (en 1920), le contexte économique a bien changé. « Compte tenu de l’ouverture du transport de voyageurs à la concurrenc­e [d’ici à 2023], la SNCF risque de se retrouver avec une main-d’oeuvre qui lui coûtera plus cher que ses futurs concurrent­s, puisque ces derniers n’auront pas les mêmes contrainte­s », avance Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne-Franche-Comté et spécialist­e des syndicats. Par ailleurs, l’entreprise elle-même s’est transformé­e. « Le modèle qui a forgé l’idéal d’un cheminot disponible 24 h sur 24, voué à un service public exigeant, a évolué, note Georges Ribeill. Par exemple, les gares voyageurs sont fermées la nuit, faute de trains. Cependant, les équipes d’entretien des voies sont de plus en plus mobilisées la nuit, pour ne pas gêner les circulatio­ns en journée. Les contrainte­s et servitudes ne sont plus du tout les mêmes. Il faut donc revoir les conditions de travail, métier par métier. » Un statut « à la carte » qui ne semble pas être la voie choisie par le gouverneme­nt.

 ??  ?? Le rapport Spinetta s’oppose au statut de cheminot pour les futurs employés.
Le rapport Spinetta s’oppose au statut de cheminot pour les futurs employés.

Newspapers in French

Newspapers from France