Ivan Savvidis, un président de club à cran
Ivan Savvidis, le président du PAOK Salonique, est entré sur la pelouse avec une arme
Le week-end a été chargé en débordements, avec les envahissements de terrains des supporters de West Ham et Lille. En Grèce, Ivan Savvidis, le président du PAOK Salonique, est venu armé sur la pelouse, en fin de match contre l’AEK Athènes, pour signifier son désaccord après une décision arbitrale. Depuis, le dirigeant est introuvable et le championnat a été suspendu jusqu’à nouvel ordre. Avant ce fait d’armes, Savvidis n’avait aucune casserole, aucun vrai adversaire dans le foot grec. Né en 1959 en Géorgie, dans une famille d’agriculteurs descendant des populations hellènes qui ont colonisé les côtes de la mer Noire, il a fait fortune en Russie, après la chute de l’Union soviétique, dans le tabac. Savvidis est riche. Très riche. Et très proche du pouvoir. Député entre 2003 et 2011 sous l’étiquette « Russie unie » de Vladimir Poutine, il serait l’officier des intérêts du président russe dans la région de Thessalonique. Depuis son retour en Grèce, dans les années 2000, Savvidis a racheté la moitié de Salonique, la deuxième plus grande ville du pays. Hôtels de luxe, entreprises de tabac, chaînes de télés, immobilier, port… Et au milieu, le club de foot, en 2012. Ivan Savvidis est un puissant proche d’autres puissants. Certains l’imaginaient même comme un futur homme d’Etat en Grèce. Surtout, personne ne s’imaginait le voir tout envoyer en l’air à cause d’un match.
« La pression est énorme »
Ancien joueur de Montpellier, Bertrand Robert était au PAOK au moment où Savvidis a repris le club et l’a lavé de toutes ses dettes : « J’étais avec lui pendant deux ans, c’était quelqu’un sans histoire. Même quand on perdait des matchs, il était toujours calme, pas agressif. » Alors, peut-être a-t-il été pris par la ferveur historique du foot grec. « Il a de l’argent et il a monté une sacrée équipe qui pourrait parfaitement lutter pour le Top 8 en France », explique un joueur français évoluant en Grèce. Son PAOK se bat pour le titre et a d’ailleurs perdu un match important sur tapis vert, car ses supporters ont blessé l’entraîneur de l’Olympiakos, en lançant des rouleaux de papier toilette. Avant même les événements de dimanche, la tension était immense dans le foot grec, et la lutte pour le titre entre le PAOK, l’AEK et l’Olympiakos était une véritable poudrière. « Ça fait trente-cinq ans que le PAOK n’a pas été champion, ajoute notre joueur anonyme. La pression est énorme. Peut-être que c’est ça qui l’a fait dégoupiller. »