20 Minutes

Coeur artificiel, puces, téléphone... l’homme est-il en train de devenir un cyborg ?

La fusion des humains et des machines a déjà commencé, mais à des niveaux variables

- Laure Beaudonnet

Ils sont déjà partout. La science-fiction a créé une mythologie des cyborgs avec des personnage­s d’humainsmac­hines (RoboCop, Terminator, ou encore le Major de Ghost in the Shell…). Et à l’heure actuelle, de plus en plus de personnes se revendique­nt cyborgs. Mais à quel point ? Nathanaël Jarrassé, chercheur au CNRS à l’Institut des systèmes intelligen­ts et de robotique (Isir), nous aide à tracer la limite entre fiction et réalité, en se basant sur la définition des scientifiq­ues Manfred Clynes et Nathan S. Kline : un cyborg est un humain « amélioré » (ou réparé) par un dispositif artificiel qui lui permet de survivre à son milieu. Mais surtout, il entretient une relation intime avec la machine.

Neil Harbisson et son antenne (98% cyborg, 2% perché). Premier cyborg de l’histoire – c’est écrit à son état civil – et créateur de la Cyborg foundation, Neil Harbisson s’est greffé une antenne sur la tête qui transforme les fréquences lumineuses en fréquences sonores (lire l’interview). « En tant qu’artiste, il est proche de la performanc­e et de la philosophi­e transhuman­iste, l’idée libertaire selon laquelle tout le monde devrait pouvoir être un cyborg », souligne le chercheur Nathanaël Jarrassé.

Les Suédois et leur puce électroniq­ue (10 % cyborg, 90 % gadget). Des salariés de la société suédoise Epicenter se sont fait implanter une puce électroniq­ue sous la peau de la main. Elle fait la taille d’un grain de riz et permet d’ouvrir les accès du bâtiment, de faire fonctionne­r les machines. A terme, elle pourrait même permettre de prendre un café ou d’allumer l’ordinateur. Mais cette puce n’apporte pas grand-chose à l’organisme. « Avoir un passe Navigo dans la poche ou une puce sous la peau, c’est pareil », tempère Nathanaël Jarrassé. Ici, il n’y a pas d’échange entre l’organisme et l’outil technique.

VUn malade et son coeur Carmat. (100 % cyborg). Moins spectacula­ires que les précédents (quoique), les malades à qui l’on a implanté un coeur artificiel Carmat sont peutêtre les plus cyborgs de tous. « Le coeur Carmat est assez fascinant, car il est à lui seul un mélange d’artificiel et d’organique. Certaines parties du coeur sont biologique­s [valve de porc, cellules issues de tissus de veau] », explique le chercheur au CNRS. L’appareil permet aux patients de survivre, de « réparer ». On est pile dans la définition, au final.

Donald Trump et son portable. (80 % cyborg, 20 % WTF). Surprenant ? La Cyborg Foundation, créée par Neil Harbisson, ouvre la définition du cyborg à un lien d’intimité psychologi­que avec la technologi­e. Si vous dites : « Je n’ai plus de batterie » au lieu de « Mon téléphone n’a plus de batterie », vous fusionnez déjà avec la technologi­e. « J’ai tendance à penser que j’ai une relation d’interactio­n plus forte avec mon téléphone qu’avec une puce implantée sous la peau qui me permet d’ouvrir une porte », confirme le scientifiq­ue. Donc, vous là, comme le président des Etats-Unis, vous êtes déjà un peu cyborg.

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 ??  ?? RoboCop, 50% homme, 50 % machine, 100 % flic. Ça, au moins, c’est sûr.
RoboCop, 50% homme, 50 % machine, 100 % flic. Ça, au moins, c’est sûr.
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