20 Minutes

Le grand bond en avant

Mélenchon a dépassé Hamon dans les sondages

- Olivier Philippe-Viela

«On s’attendait à une hausse, mais à ce point… » Depuis un peu plus de deux semaines, Antoine Léaument, le coordinate­ur de la campagne numérique de Jean-Luc Mélenchon, observe avec plaisir l’envol du candidat de La France insoumise sur le Web. Les déclencheu­rs ? Sa marche pour une VIe République à Paris, le 18 mars, et le premier débat entre cinq candidats, le 20 mars. Une double date charnière qui correspond aussi au début de l’inversion des courbes sondagière­s entre les deux candidats de la gauche, lui et Benoît Hamon. Si les sondages sont à prendre avec précaution, ils dessinent toutefois une dynamique étonnante en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, dans l’enquête de l’Ifop diffusée mercredi, le candidat de La France insoumise progresse à 16 %, talonnant François Fillon à 18 %. Pour le communican­t Philippe Moreau Chevrolet, à la tête de MCBG Conseil, le candidat a fait évoluer son image entre le débat du 20 mars et le débat à onze, mardi. Ce soir-là, « les “petits” candidats, plus radicaux ou extrêmes, l’ont aidé à apaiser son image, à la rendre plus présidenti­elle, plus rassurante ». Mélenchon ne s’y est d’ailleurs pas trompé, posant en une du Journal du Dimanche, le 2 avril, sous la mention : « Je deviens une figure rassurante. » « Jean-Luc Mélenchon a eu le temps de se dédiabolis­er, en étant moins agressif vis-à-vis des médias, en revendiqua­nt une étiquette écologiste et d’homme honnête. Il est dans les pas de cette génération de leaders à gauche, assez âgés, bruts de décoffrage, comme Bernie Sanders aux Etats-Unis ou Jeremy Corbyn au Royaume-Uni », souligne Philippe Moreau Chevrolet.

Une marge de progressio­n ?

Mais quelle est réellement la marge de progressio­n de Jean-Luc Mélenchon ? Lui permettra-t-elle de dépasser François Fillon et de se positionne­r pour une qualificat­ion au second tour ? Si « la porosité entre son électorat et celui de Benoît Hamon a tourné à son avantage, il ne peut plus trop progresser de ce côté-là, explique Yves-Marie Cann, de l’institut Elabe. Il peut prendre à Emmanuel Macron, dont l’électorat est friable (...) ; il peut piocher chez Marine Le Pen, où d’anciens électeurs de gauche orientés FN pourraient être tentés par lui ; et surtout, il peut séduire les abstention­nistes ou les indécis qu’il vise. »

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Le candidat lors du deuxième débat.

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