France et Japon font (presque) bon ménage
Mangaka, Jean-Paul Nishi croque sa vie avec une Française
Depuis maintenant dix ans, et son premier séjour à Paris, le mangaka Jean-Paul Nishi, de son vrai nom Taku Nishimura, s’est fait une spécialité de croquer la vie à la française. Les Japonais adorent, les Français aussi. Dans A nos amours (éditions Kana), qui vient de paraître, il raconte sa relation avec la journaliste de l’AFP Karyn Poupée, Française rencontrée à Tokyo. En visite au Salon du livre de Paris, les époux ont confronté leurs points de vue pour 20 Minutes. Jean-Paul vs Karyn, fight !
Les enfants
Lui : « Ce qui était très étonnant chez Karyn, c’était sa façon de changer les couches, d’utiliser une table à langer, de coucher le bébé dans une turbulette. Au Japon, on fait tout à même le sol, les petits dorment sur un futon. Elle prenait l’enfant et le mettait à hauteur d’adulte. » Elle : « On a souvent l’image du père japonais toujours au travail, peu impliqué dans l’éducation des enfants. De ce point de vue, mon ami est tout sauf japonais. Toutes les tâches sont partagées à 50/50 chez nous, mais cela vient du fait aussi qu’il travaille à la maison et non en entreprise. »
Le travail
Lui : « Le Japonais coupe sa vie privée de sa vie professionnelle. Lorsqu’il est dans le cadre du travail, il remplit son rôle, il ne partage pas ses états d’âme. Il endure, il accepte. En France, on peut mêler les deux. Je me souviens d’une dame âgée qui râlait au sujet de sa facture de téléphone. La conseillère lui répondait, s’énervait et a même fini par partir. Impensable au Japon. » Elle : « La qualité de service est exceptionnelle au Japon, et identique d’un vendeur à l’autre. Mais cela donne lieu aussi à des mécanismes presque inhumains. Je travaille depuis douze ans à l’AFP Tokyo, et je croise tous les jours le même vigile. Mais il ne manque jamais de me demander mon badge, il respecte la consigne. »
La politique
Lui : « C’est quand même étonnant de voir toutes ces relations amoureuses entre les ministres français. A l’instar d’Arnaud Montebourg et Aurélie Filippetti. Ce n’est pas un gouvernement, c’est une cage à hamsters. Au Japon, tu as “au mieux” des scandales financiers, quelques suicides, mais pas d’histoires d’amour qui tournent mal. » Elle : « Les Japonais se désintéressent de la chose politique, c’est presque choquant, désespérant. Ils votent mécaniquement, sans réel intérêt. La politique s’invite très tôt dans les familles françaises, à la table du dîner. Au Japon, même entre amis, on n’en parle pas. Ça me manque. »
« Le gouvernement français ? Une cage à hamsters ! » Jean-Paul Nishi