Complètement flou !
Abstention, sondages fluctuants, vote utile... L’incertitude sur l’issue de la présidentielle règne, alors que la campagne officielle commence ce lundi.
La course à l’Elysée est lancée depuis plusieurs semaines, mais c’est à partir de ce lundi que le Conseil supérieur de l’audiovisuel impose l’équité des temps de parole entre les candidats, à la télévision et à la radio. Affiches et clips vont commencer à fleurir. Pendant ce temps, les scores électoraux de chacun commenceront à se cristalliser. « Si on prend les temps de passage des précédentes élections, à ce stade, environ 75 % des personnes qui iront voter ont fait leur choix », note le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. Mais on n’est plus vraiment dans la normalité électorale, souligne quant à lui le sondeur Jérôme Sainte-Marie, président de PollingVox : « C’est le phénomène de cette campagne, il n’y a plus autant de positions claires sur un axe gauche-droite. Les gens sont libérés de leur appartenance partisane (...). Tout a changé en quelques semaines et cela peut encore évoluer. »
Le second tour pas écrit
Pour Bruno Cautrès, « il reste des zones d’incertitude qui rendent la cristallisation du vote plus fragile et plus tardive », comme la question du vote utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon à gauche et le redressement potentiel de l’électorat de François Fillon, qui pourrait être plus mobilisé que prévu par les sondages. Justement, sur les dynamiques des candidats, quels sont les duels à observer, les courbes qui pourraient se croiser? Jérôme Sainte-Marie a vu deux étapes dans cette campagne. « Il y a d’abord eu Emmanuel Macron contre François Fillon pour savoir qui serait contre Marine Le Pen au second tour, Macron a creusé l’écart grâce aux affaires ; pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se départageaient à gauche, et Mélenchon a gagné dans les grandes largeurs. » Ensuite, « à partir du 20 mars, deux duels se sont installés : Macron/Le Pen devant et Fillon/ Mélenchon en retrait ». Le sondeur anticipe une troisième étape, imminente : « Ces deux duels pourraient bientôt fusionner, la dynamique Mélenchon pouvant perturber le second tour écrit entre les candidats d’En marche ! et du FN. » Christian Delporte, spécialiste d’histoire politique, prévient, lui, que la dernière ligne droite sourit rarement aux outsiders, « car la tentation du vote utile revient toujours jusque dans l’isoloir ». Le même vote utile qui avait plombé François Bayrou en 2007 et Jean-Luc Mélenchon en 2012. Trouvez le candidat qui correspond le mieux à vos idées avec la Boussole : 20min.fr/boussole.