20 Minutes

Trente ans après les meurtres de Montigny-lès-Metz, Heaulme devant les juges

Le tueur en série est jugé pour les meurtres de Montigny-lès-Metz

- De notre envoyé spécial à Metz (Moselle), Vincent Vantighem

Revenir au point de départ de la « route du crime ». A cet endroit qui a vu naître Francis Heaulme. Où il a tenté de déterrer le corps de sa mère car il ne supportait pas son absence. Le long de cette rivière où il a fait de Lyonelle Gineste, 17 ans, sa première victime, avant de partir ensanglant­er le Var, le Finistère et le Nord, en passant par la Marne. Revenir, donc, devant la cour d’assises de la Moselle pour savoir si, avant d’entamer cette errance macabre, Francis Heaulme n’a pas tué d’autres personnes dans son fief. A partir de ce mardi et pendant quatre semaines, le tueur en série va être jugé pour le double meurtre de Montignylè­s-Metz. Celui de Cyril Beining et d’Alexandre Beckrich, deux enfants de 8 ans découverts le crâne fracassé, un dimanche de septembre 1986.

« Signature criminelle »

C’était il y a plus de trente ans. Le temps nécessaire pour innocenter Patrick Dils, mettre hors de cause Henri Leclaire et faire, finalement, de Francis Heaulme, le suspect numéro un. Celui qui travaillai­t comme manoeuvre à 400 m de la scène de crime avait « le visage en sang » ont raconté les deux pêcheurs qui l’ont pris en stop, le tragique dimanche. De même, durant l’un de ses interrogat­oires, Francis Heaulme a reconnu avoir croisé deux enfants qui lui jetaient des pierres depuis un talus. Pour les enquêteurs, cette affaire porte sa « quasi-signature criminelle ». Un peu trop pour Liliane Glock, son avocate. « Sa personnali­té et sa “carrière” ont jeté de la poudre aux yeux de beaucoup de monde. Cela fait plus de vingt ans qu’on tente de prouver sa culpabilit­é. C’est bien que les choses ne soient pas aussi simples… » Elles sont tout aussi compliquée­s pour les familles des deux victimes. « L’acquitteme­nt de Dils nous a laissés dans l’étonnement, confient les parents d’Alexandre Beckrich. Nous ne savons que penser de la mise en cause de Heaulme. Notre conviction n’est pas faite. » Celle de Chantal Beining, la mère de Cyril, non plus. « Je ne sais plus quoi penser de tout ça. D’autant qu’il n’a jamais avoué. » Il a même toujours nié les faits. A sa manière. « Mon style, c’est l’Opinel… Et j’étrangle à mains nues. Montigny, c’est pas moi! » a-t-il lâché lors du troisième procès de Dils, en 2002. Déjà condamné à la perpétuité pour neuf meurtres, Francis Heaulme n’a pourtant plus grand-chose à perdre dans ce nouveau procès. Si ce n’est, peut-être, le soutien de sa soeur Christine, dernière personne à lui rendre encore visite en prison. « Elle ne supporte pas l’idée qu’on puisse faire du mal aux enfants, explique Jean-François Abgrall, le gendarme qui a arrêté Heaulme et l’a confessé. Quand son frère a été condamné pour le meurtre du petit Joris, 9 ans, elle a cessé de le voir pendant deux ans… »

Suivez en direct l’audience sur le compte twitter de notre journalist­e : @vvantighem

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Heaulme en 2006, lors de la reconstitu­tion du double meurtre des enfants.

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