Armes de Chasse

Le Cancalon modèle chasse

Un fusil creusois fabriqué sous licence par Purdey

-

Charles-Auguste Cancalon, ce nom ne vous dit rien ? Sans doute, et c’est injuste. Avant Lefaucheux, cet armurier creusois a inventé un fusil qui sera fabriqué sous licence par d’autres armuriers, en France et à l’étranger, en Belgique et en Angleterre, dont un certain James Purdey.

La Creuse est traditionn­ellement réputée pour ses maçons, bâtisseurs de grand talent qui partaient à pied de leur province pour aller ériger des édifices dont notre capitale s’enorgueill­it. Les lissiers et les porcelaini­ers de cette région ont également acquis un renom mérité. Mais qu’en est- il de ses arquebusie­rs ? Si l’histoire n’en fait pas grand cas, c’est que la plupart d’entre eux sont allés exercer leurs talents dans le bassin armurier tout proche, en Corrèze. A l’exemple de la famille Pauphile dont Michel, le fils de Jean, le premier connu de la lignée, s’installe au moulin de Fes-sur-la-Céronne le 4 septembre 1690. Il s’associe alors à Martial Fénis de la Combe, évêque de son état. C’est le début de la Manufactur­e d’armes de Tulle, qui devient un passage obligé des armuriers creusois. Après leurs années de compagnonn­age au sein de la Manufactur­e, on les retrouve installés dans des grandes villes, notamment Châtellera­ult ou Paris. Certains y restent durablemen­t, d’autres reviennent dans leur région d’origine, à l’exemple de notre Charles-Auguste Cancalon.

Les éloges de l’empereur

Le premier de la lignée Cancalon dont on a la trace est un Jean, installé à Pontarlion à la fin du siècle ; trace encore en 1841 du même Jean ou de son fils. Puis Charles-Auguste, arquebusie­r à Bourganeuf dans les débuts du siècle.

En 1857, Charles- Auguste Cancalon crée un premier fusil de chasse à culasse ascendante, pour lequel il dépose un brevet trois ans plus tard, en 1860, qui sera suivi de quatre additifs : deux la même année, un autre en 1862 et un dernier en 1863. Le modèle définitif apparaîtra en 1868. Le premier modèle, brevet 1863, est exposé chez l’armurier Prunier, place du Musée à Guéret. Ce même fusil sera présenté à Napoléon III qui diton en fit grand éloge. Dans la foulée,

Cancalon présentera son arme dans diverses exposition­s, en Belgique et en Angleterre, où il déposera deux brevets là aussi.

Le succès est immédiat, au-delà des espérances de l’arquebusie­r. D’emblée, une commande de 10 000 fusils mono-coups en version militaire est passée pour la Pologne. Malheureus­ement, Cancalon n’a pas les capacités pour honorer un tel contrat et décide de céder ses droits à des tiers comme l’a fait Lefaucheux en son temps. Ainsi les fusils « au système Cancalon » se retrouvent fabriqués dans d’autres régions de France (par Lepage notamment) et d’autres pays européens, en Belgique, par Dandoy, et en Angleterre, par Purdey. Le premier modèle qu’il m’a été donné de voir était un Cancalon d’origine. Il venait d’être déposé chez un armurier limousin par un descendant de la famille Cancalon. Arme en parfait état à qui on offrait une simple toilette d’entretien. Connaissan­t mon intérêt pour les armes de chasse anciennes à système, cet aimable armurier m’alerta. Non seulement j’ai pu examiner l’arme mais également rencontrer son heureux propriétai­re, qui me présenta le brevet anglais ainsi qu’un ouvrage édité dans l’Allier en 1864 par Charles-Auguste Cancalon lui-même : Les Loisirs d’un disciple de saint Hubert, Essai sur les

Newspapers in French

Newspapers from France