Jacques henric

Le feuilleton

Teresa Cremisi La Triomphante Équateurs

Une évidence : que seraient les uns sans les autres ? Les écrivains sans les éditeurs et les libraires ? Les éditeurs et les libraires sans les écrivains ? Il va être question dans cette chronique-ci, pour une fois, de figures n’appartenant pas au milieu littéraire mais au monde de l’édition et de la librairie. Encore que, l’éditrice et le libraire, Teresa Cremisi et Christian Thorel, viennent tous deux de franchir une frontière en publiant à leur tour un livre, Teresa Cremisi un roman, la Triomphante, Christian Thorel un récit, Dans les ombres blanches, histoire de sa désormais mythique librairie toulousaine (à l’occasion de ses 40 ans d’existence). Les voici donc, l’éditrice et le libraire, ayant déserté pour un temps le camp de ceux qui ont pour mission de promouvoir les livres pour venir grossir les rangs de cette sorte d’armée des ombres à laquelle appartiennent les écrivains. Car la littérature, faut-il le rappeler, n’a rien d’un mouvement pacifique ; elle est une guerre, guerre menée avec des mots, certes, mais suffisamment efficiente aux yeux de tous les pouvoirs pour provoquer des répliques d’une tout autre nature. Il arrive parfois qu’il soit répondu aux mots par des balles, des balles qui tuent.

DEVENIR CE QUE L’ON EST

Pour nos lecteurs peu familiers du monde de l’édition, rappelons brièvement qui est Teresa Cremisi. Carrière d’éditrice en Italie, poursuivie à Paris en 1989 aux éditions Gallimard puis en 2005 à la direction de Flammarion dont elle devient P.-D.G en 2012, fonction qu’elle quitte aujourd’hui tout en restant éditrice au sein de la maison d’édition. De l’éditrice, je n’en dirai pas plus, c’est de l’écrivain qui vient de naître que je veux parler. On n’en sait jamais assez sur la façon dont un être déboule dans l’existence, se fait peu à peu sa place dans le monde, pour comprendre quel adulte il est devenu. De cette femme, Teresa Cremisi, dont