Anomalie des zones profondes du cerveau
Grasset Laure Limongi, écrivain, éditrice bien connue, souffre d’algie vasculaire de la face, dénomination assez laide pour dire qu’elle a la pire migraine au monde, celle qu’on appelle « du suicide » et qui ne se soulage qu’à coups d’injections faramineusement chères. Ou de LSD. Ou de psilocybine, qu’on trouve dans les champignons hallucinogènes. Mais ce livre de laboratoire n’est pas plaintif, citant au passage le rappeur Youssoupha : « La douleur est inévitable ; mais la souffrance n’est qu’une option. » C’est plutôt une souriante divagation entre Google, Vice Magazine, X-Files, le lac Léman, et les « zones profondes du cerveau », celui que nous partageons avec les reptiles. Un livre à base de migraine, champignons et Hobbits, qui sont peut-être une variante d’homo sapiens pas très savants, des sortes d’homines georgici, au cerveau engoncé, potentiellement découverts en 2001 à Dmanisi, Géorgie. D’ailleurs, l’acteur de Harry Potter, presque un Hobbit du point de vue des genres littéraires, ne souffre-t-il pas lui-même d’algie vasculaire de la face ? On apprendra aussi dans ce court traité que John Cage était fan de champignons et qu’il justifiait la mort fongique de Bouddha par le fait que « la fonction des champignons est de débarrasser le monde des vieux déchets ». C’est d’ailleurs la philosophie d’Anomalie des zones profondes du cerveau. Apprendre à dépasser la douleur pour la vie et, ce faisant, se contenter de pas mal de déchets sympathiques : « Les courriers administratifs et les remaniements ministériels. Ton travail. Tes collègues. Toutes ces choses plus ou moins anodines qui font un quotidien et marquent le passage des jours. Ces piqûres du temps qu’il nous faut apprendre à chérir à leur juste valeur. »