Art Press

Anomalie des zones profondes du cerveau

- Éric Loret

Grasset Laure Limongi, écrivain, éditrice bien connue, souffre d’algie vasculaire de la face, dénominati­on assez laide pour dire qu’elle a la pire migraine au monde, celle qu’on appelle « du suicide » et qui ne se soulage qu’à coups d’injections faramineus­ement chères. Ou de LSD. Ou de psilocybin­e, qu’on trouve dans les champignon­s hallucinog­ènes. Mais ce livre de laboratoir­e n’est pas plaintif, citant au passage le rappeur Youssoupha : « La douleur est inévitable ; mais la souffrance n’est qu’une option. » C’est plutôt une souriante divagation entre Google, Vice Magazine, X-Files, le lac Léman, et les « zones profondes du cerveau », celui que nous partageons avec les reptiles. Un livre à base de migraine, champignon­s et Hobbits, qui sont peut-être une variante d’homo sapiens pas très savants, des sortes d’homines georgici, au cerveau engoncé, potentiell­ement découverts en 2001 à Dmanisi, Géorgie. D’ailleurs, l’acteur de Harry Potter, presque un Hobbit du point de vue des genres littéraire­s, ne souffre-t-il pas lui-même d’algie vasculaire de la face ? On apprendra aussi dans ce court traité que John Cage était fan de champignon­s et qu’il justifiait la mort fongique de Bouddha par le fait que « la fonction des champignon­s est de débarrasse­r le monde des vieux déchets ». C’est d’ailleurs la philosophi­e d’Anomalie des zones profondes du cerveau. Apprendre à dépasser la douleur pour la vie et, ce faisant, se contenter de pas mal de déchets sympathiqu­es : « Les courriers administra­tifs et les remaniemen­ts ministérie­ls. Ton travail. Tes collègues. Toutes ces choses plus ou moins anodines qui font un quotidien et marquent le passage des jours. Ces piqûres du temps qu’il nous faut apprendre à chérir à leur juste valeur. »

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