Mathieu Germain (dir.)
Hal Hartley LettMotif, 250 p., 32 euros
LettMotif publie un livre que personne n’attendait plus : sensation du cinéma indépendant américain dans les années 1990, Hal Hartley a disparu des radars à la fin de la même décennie. Parti, envolé, rayé des registres. The Book of Life (1998) est à ce jour son dernier film à avoir connu une diffusion française. Non que Hal Hartley ait jeté l’éponge : déménagement à Berlin, virage vers le cinéma de genre, alternance de courts et de longs métrages surtout distribués en ligne… L’ouvrage dirigé par Mathieu Germain vise dès lors un double objectif. Redire le rôle authentiquement fondateur qu’eut pour toute une jeunesse la trilogie de « Long Island » ( The Unbelievable Truth, Trust Me, Simple Men). Et affirmer avec force qu’« il n’est rien arrivé » à Hartley, qu’il reste actif et plus indépendant que jamais, ce que prouve notamment l’édition en DVD, toujours par LettMotif, de The Girl From Monday (2005). D’un objectif à l’autre, la continuité paraît évidente et pourtant elle ne l’est pas. Quelque chose coince. Livre au passé ou au présent ? Tombeau ou situation de Hal Hartley ? Entre les deux, la contradiction menace. Les textes sont nombreux et se présentent comme autant de « cris du coeur » d’admirateurs. De là la ferveur mais aussi la nostalgie, ainsi que mainte redite et des lacunes qui font déplorer l’absence – certes assumée – de méthode. C’est un défaut que partagent plus souvent qu’à leur tour les collectifs sur le cinéma : croire qu’il suffit de réunir un cénacle d’amoureux et de leur donner carte blanche… Plus rares, les pages portant sur les aventures récentes d’Hartley sont également plus stimulantes. Restent de forts entretiens avec les acteurs fétiches – Elina Löwensohn, Martin Donovan – et de riches extraits en fac-similé des carnets du cinéaste.