« Le don, c’est 5 € par tête et c’est obligatoire »
RELIGION. Les fidèles musulmans versent en ce moment la zakat al-fitr. Elle doit être donnée vers la fin du ramadan (aujourd’hui ou demain) aux nécessiteux.
RACHID, 40 ans, employé d’une boucherie musulmane de la rue du Faubourg-Saint-Denis à Paris (Xe), s’apprête à faire un don de 25 € à… l’une de ses clientes ! « Elle a cinq enfants et je sais qu’elle est dans le besoin », explique le commerçant. Comme lui, les quelque 3 millions de fidèles hexagonaux qui pratiquent le ramadan doivent s’acquitter de la zakat al-fitr, l’aumône de la rupture du jeûne versée aux plus démunis à l’approche de la fin du mois sacré, prévue aujourd’hui ou demain, et la fête, le jour suivant, de l’Aïd-el-Fitr. Le montant de leur obole est estimé à 5 € minimum par les savants de l’islam.
« Le don, c’est 5 € par tête et c’est obligatoire. Même si le bébé est âgé d’un jour, il faut payer sa part. Si dans votre famille vous êtes cinq, c’est au moins 25 € », calcule Rachid, Algérien de Kabylie. Son collègue Madjid, 47 ans, s’engage, lui, à verser 20 € « à n’importe quel pauvre dans la rue ou qui viendra à la boucherie ». « C’est une façon de purifier le jeûne, sinon, il ne vaut rien », enchaîne cet ancien boxeur.
Avec pour unique ressource une très faible pension d’invalidité, Laziza, prénom qui signifie « aimée » en arabe, n’a pas les moyens de régler elle-même sa zakat. « C’est quelqu’un de ma famille qui le fait pour moi », souffle-t-elle. Samira, elle, livre sa contribution solidaire à la Grande Mosquée de Paris qui la redistribuera ensuite aux indigents. Hors de question pour Rachid. « Moi, je préfère donner de la main à la main, au moins, je sais où va vraiment mon argent », répliquet-il. Karim, cuisinier de 50 ans, est sur la même longueur d’ondes. « J’aime bien regarder dans les yeux quand je donne mon argent », martèle ce célibataire, sur le point de se délester d’un billet de 5 € qui permettra de « laver les péchés commis durant le ramadan ». Le bénéficiaire de son petit présent ? « Sans doute un pauvre croisé dehors, peu importe sa confession », précise-t-il. « Si c’est un musulman, l’argent pourra servir à aider à acheter des vêtements neufs pour célébrer l’Aïd », souligne-t-il. Najat, elle, remettra son cadeau sonnant et trébuchant d’un montant de 25 € à un « monsieur qui ne travaille pas ». « On vient de le décider avec mon mari, c’est une personne qu’on connaît bien. Grâce à ce geste, notre ramadan est accepté, validé par Dieu », remercie-t-elle.
« Grâce à ce geste, notre ramadan est accepté, validé par Dieu »
Paris (Xe), le 28 juin. Rachid et Majid tiennent une boucherie halal. Rachid donnera 25 € à une cliente. Madjid s’engage, lui, à verser 20 € « à n’importe quel pauvre dans la rue ou qui viendra à la boucherie ».