Le grand retour de la mulette, un mollusque méconnu
BRASPARTS (Finistère) a beau se situer loin de la mer, on y trouve pourtant une sacrée colonie de moules. Au détour d’une grande vallée verte, classée Natura 2000, est installée la seule station d’élevage française de moule perlière. Ce mollusque d’eau douce, non comestible, que les scientifiques appellent Margaritifera margaritifera, mais que l’on surnomme mulette, est devenu rarissime au fil des siècles et a bien failli disparaître.
« Les habits et parures des rois et nobles de France — François Ier, Marie de Médicis, Marie-Antoinette — étaient parés de perles de mulettes », explique Jean Hervé, de la Fédération de pêche du Finistère, qui gère la station d’élevage avec l’association Bretagne vivante. « Sauf que statistiquement, une mulette sur mille contient une perle. Avant même la pollution des eaux, c’est donc la pêche intensive qui a manqué de faire disparaître l’espèce. »
Ce petit trésor des rivières, s’il n’est pas prisé pour sa chair, est par ailleurs un élément indispensable de tout un écosystème. « La moule d’eau douce indique si les eaux sont en bonne santé ou non, poursuit Jean Hervé. Elle fait aussi partie d’un cycle de vie qui inclut celui des saumons et des truites. Sur le long terme, l’un ne peut pas survivre sans l’autre. »
Dans la station de Brasparts, la première phase du programme européen de préservation de cette espèce menacée, entamée en 2012, vient de s’achever avec succès. « Le taux de mortalité est devenu presque nul après quatre ans de culture », ajoute Jean Hervé.
Une espérance de vie de 150 ans
A ses côtés, Benoît Vincent, l’un des trois « gardiens » de la station, est aussi très optimiste : « Il y aurait environ 60 000 mulettes en France, dont 60 % sur le massif armoricain. Pour l’heure, dans nos bassins de culture, i l y a un peu plus de 100 000 jeunes mulettes, souvent à peine visibles à l’oeil nu. » Presque autant ont été replacées dans leur milieu naturel, dans six cours d’eau de Bretagne et de Normandie. Petit détail qui en dit long sur ce fragile coquillage datant de la Préhistoire : il peut vivre jusqu’à 150 ans et met environ 25 ans pour atteindre sa maturité ! Ces nouvelles générations de mulettes ne pourront donc se reproduire que d’ici 20 ans. Encore faut-il que le combat pour la préservation des cours d’eau soit aussi gagné.
Brasparts (Finistère). Non comestible, la mulette est une moule perlière qui est devenue rarissime au fil des siècles.