Foire d’empoigne
Le spectacle tragicomique auquel nous assistons ne peut avoir que deux origines : soit François Hollande est à ce point affaibli qu’Emmanuel Macron, qui lui doit tout, peut néanmoins se permettre l’avantveille du 14 Juillet de faire applaudir l’hypothèse de sa propre candidature à l’Elysée soit François Hollande endosse un pur costume mitterrandien, laissant faire Macron pour carboniser définitivement Manuel Valls qui devient rouge de colère. Dans les deux cas, faiblesse ou calcul, le spectacle est affligeant et bien loin des enjeux majeurs du pays que sont l’emploi, la sécurité et l’avenir de l’Europe. @donatvidalrevel CE MATIN, dans le ciel de François Hollande, c ’ e s t l a Pat r o ui l l e de France qui volera en escadrille pour ouvrir le défilé du 14 Juillet. Le dernier du quinquennat. « De ce quinquennat », nuancent en choeur plusieurs conseillers du gouvernement. Quoi qu’il en soit, cette Fête nationale aura une saveur particulière. A peine le président a-t-il eu le temps de se réjouir d’une légère (et inhabituelle) embellie dans les enquêtes d’opinion (+ 7 points en un mois selon un sondage Ifop-Fiducial) que les ennuis se sont mis à voler, eux aussi, en escadrille. Il y a bien sûr la défaite des Bleus en finale de l’Euro dimanche, que le président a accueilli visage fermé. Puis les informations du « Canard enchaîné » sur le salaire de son coiffeur personnel à l’Elysée (9 895 € par mois) publiées hier. Sans parler du show politique de son pétulant ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, dont l’ambition affichée trouble et agace au sein du gouvernement. Et au-delà. Pour Manuel Valls, la coupe est pleine. Le Premier ministre le dit désormais tout haut. Son mécontentement semble accentué par l’impassibilité apparente du président de la République. Hier matin, en Conseil des ministres, pas la moindre remontée de bretelles. Une placidité très commentée dans les rangs de la majorité.
Le précédent Montebourg
En août 2014, le couperet était tombé instantanément sur Arnaud Montebourg. Il faut dire que l’exministre s’était proposé d’envoyer une « cuvée du redressement » au président. Macron a pris soin, lui, du moins en apparence, de ménager le chef de l’Etat… dont l’entourage fait mine, en apparence aussi, de ne pas s’offusquer ! Au gouvernement, beaucoup espèrent tout de même que le temps du recadrage viendra aujourd’hui avec la traditionnelle interview du 14 Juillet. A la façon d’un Chirac en 2005 : « Je décide, il exécute », avait lancé le président à l’adresse de son ambitieux ministre Nicolas Sarkozy.
A l’Elysée, stoïque, l’entourage du président rappelle que le chef de l’Etat en a vu d’autres. « On a la peau tannée. On distingue parfaitement l’écume de la profondeur de la vague », explique un proche de François Hollande. Pas question de parasiter la séquence régalienne qui a commencé hier soir. Depuis le ministère de la Défense, il a annoncé l’envoi de plus de soldats pour conseiller les forces irakiennes en lutte contre Daech. Comme pour rappeler qu’il est seul à pouvoir endosser le costume de chef de guerre, le président a aussi ordonné l’envoi du porte-avions « Charlesde-Gaulle » au Moyen-Orient… à l’automne ! Les sujets qu’il abordera aujourd’hui à 13 h 15 dans le salon des Portraits à l’Elysée porteront sur ses prérogatives : lutte contre le terrorisme, Europe… Sur sa chasse gardée, nul ne peut se permettre de lui apporter la moindre contradiction au sein de son gouvernement. @AvaDjamshidi @Pauline_Th
leparisien.fr Sur Internet, Macron a pris le dessus sur Valls