La trouble vie du chauffeur de VTC fiché S
INTERPELLATION. Repéré en mai pour radicalisation, il avait depuis entreposé chez lui des explosifs et a été interpellé dimanche. L’enquête est en cours.
« L’HISTOIRE des explosifs ? C’est là-bas. » Mardi matin, les rares voisins présents dans cet immeuble du quartier de la Pie, à Saint-Maur-desFossés (Val-de-Marne), indiquaient sans peine l’appartement de Stéphane M., où des détonateurs et des explosifs ont été découverts lundi. Un charmant petit immeuble de trois étages, au fond d’une allée.
Ce jeune homme de 22 ans, fiché S depuis le mois de mai pour « possible radicalisation », et qui se présente comme chauffeur de VTC, a été contrôlé par la BAC dans la nuit de dimanche à lundi à Sucy-en-Brie, au départ pour une simple infraction r outi èr e. Dans s a voiture, les policiers découvrent des papiers, des passeports e t de s pe r mis de conduire, volés lors d’un cambriolage le 14 j uillet à SaintMaur-des-Fossés. Ils le soupçonnent notamment d’avoir commis des vols chez plusieurs de ses clients. Ils perquisitionnent alors le domicile de ses parents, où il vit, et découvrent deux détonateurs et quatre bâtons de dynamite de 100 g cachés dans une chambre. Il est placé en garde à vue, de même que son passager de 21 ans, Yamine A., également connu des services de police et qui vit lui aussi à Saint-Maur.
« Il était 13 heures lundi, je l’ai vu sortir menotté d’une voiture de police depuis la fenêtre de la chambre de ma fille, raconte une voisine. Je me suis dit : Ça y est, il s’est encore fait attraper. Il y a deux ans à peu près, on l’avait déjà vu repartir menotté. » Elle décrit un jeune homme à l’expression « neutre », « tellement discret, comme ses parents », au point de se demander parfois s’ils sont dans l’appartement. Un membre de l’équipe de déminage, arrivé un peu plus tard, lui conseille de rentrer rapidement chez elle. « Savoir qu’il y avait tous ces explosifs au-dessus de chez moi f ait t rès peur », dit-elle. Un autre voisin rapporte qu’il « se l aissait pousser la barbe dep u i s d e u x moi s » mais que lui mettait cela sur le compte du « style ». Outre les explosifs, des « documents laissant penser à une radicalisation » du conducteur ont aussi été saisis au domicile, a indiqué une source citée par l’AFP. « L’enquête n’a pas encore confirmé un lien direct avec la radicalisation », insiste une source proche du dossier. Reste
Connu des services de police pour vols, cambriolages, conduite sans permis, trafic de stupéfiants…
qu’il gravitait bien, d’après une autre, dans un « milieu radicalisé ». Il était également « archiconnu » des services de police pour « vols, cambriolages, conduite sans permis, trafic de stupéfiants… » déroule une source policière.
D’après nos informations, ce n’est pas la première fois que l’appartement de ses parents était perquisitionné. Stéphane M. avait été placé en garde à vue au commissariat de Vitry au mois de mai après une tentative de cambriolage. Le jeune homme y aurait tenu des propos « très véhé- ments » à l’encontre des policières. Dans l’appartement, les fonctionnaires avaient découvert une tablette contenant des photos et des vidéos sur le djihad en Syrie, la consultation de sites montrant des décapitations et des documents sur le Coran. C’est à ce moment-là qu’un rapport de signalement avait été envoyé aux services de renseignement qui avaient alors décidé de le classer S.
A la suite de la deuxième perquisition de lundi, une enquête de flagrance a été ouverte pour acquisition et détention d’explosifs en bande or- ganisée et association de malfaiteurs. Elle a été confiée à la police judiciaire du Val-de-Marne. Mardi soir, la garde à vue des deux hommes a été prolongée exceptionnellement de quarante-huit heures. Les investigations techniques et les auditions se poursuivaient toujours mardi soir. La section antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle et celle du parquet de Paris, qui n’ont pas été saisies à ce stade, suivent l’affaire de près.