La France avait été informée
TERRORISME. Alors que les enquêteurs tentent de comprendre comment les deux assaillants de Saint-Etienne-duRouvray ont agi, un hommage était rendu au père assassiné à Notre-Dame de Paris.
L’ORGANISATION Etat islamique nous impose une dramatique actualité à marche forcée. Le souvenir des 84 morts du camion fou de Nice est encore dans tous les esprits qu’il faut déjà pleurer la mort atroce du père Jacques Hamel en son église de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Et comme une odieuse habitude, revivre la même litanie : les conférences de presse du procureur François Molins, la vidéo de propagande et d’allégeance des auteurs, l’émotion locale et planétaire, la communion des autorités religieuses de toutes confessions, les déclarations solennelles, la convocation d’un Conseil de défense et, c’est nouveau, les querelles politiques. Une tristesse infinie, un zest de polémique mais surtout d’innombrables questions.
La déradicalisation impose une réponse au cas par cas
A commencer par celles que pose l’enquête. Ainsi les services de renseignement étaient-ils sur les traces depuis quatre jours d’un mystérieux jeune homme à la fine barbe, susceptible, selon des informations fournies par un service ami, de passer à l’acte ? Une information manifestement sérieuse mais une course contre la montre perdue : selon toute vraisemblance, ce suspect n’est autre que le second assaillant de l’église. Même s’il était moins connu des services que son complice Adel Kermiche, porteur d’un bracelet électronique après avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie, sa radicalisation avait été récemment détectée. Un parmi tant d’autres.
Car c’est évidemment là que se situe le principal défi de notre société : contenir la contagion mortifère qui gagne de plus en plus d’âmes perdues ou en recherche séduites par le discours millénariste de Daech. Sur le terrain, de nombreux acteurs luttent avec leurs moyens pour prêcher les bonnes paroles de paix. Avec conviction mais sans certitude. Tout le monde en convient : la déradicalisation impose une réponse au cas par cas dont personne n’a encore concocté la recette miracle. Il y a pourtant urgence car même le pape François, en déplacement en Pologne pour les Journées mondiales de la jeunesse, dramatise : « Le monde est en guerre parce qu’il a perdu la paix. »
La République cependant s’est réunie hier soir à la cathédrale Notre-Dame de Paris, coeur du catholicisme français, en hommage au prêtre égorgé dans son église de Normandie. Le chef de l’Etat, plusieurs membres de son gouvernement, les présidents des deux chambres, des ténors de l’opposition et deux ex-chefs de l ’ E t a t , Ni c o l a s Sarkozy et Valéry Giscard d’Estaing. Un impressionnant dispositif de police avait été mis en place, avec double, voire triple filtrage des 1 500 fidèles qui s ont v e nus communier.