Le « ministre des attentats » de Daech est mort
L’UN DES ENNEMIS les plus déterminés de la France est mort. Le djihadiste syrien Abou Mohammed al-Adnani, 39 ans, est décédé dans les combats d’Alep, la grande ville industrielle du nord de la Syrie. C’est ce qu’a annoncé Daech, mardi soir, évoquant une mort en martyr, à la suite d’une frappe dont Etats-Unis et Russie se disputaient hier la paternité. Cette disparition porte un coup sévère à l’organisation terroriste, déjà fragilisée ces dernières semaines par la perte de cadres importants et par plusieurs revers militaires.
Al-Adnani était le porte-parole officiel de Daech, la voix de la terreur. En réalité, son influence dépassait largement cette fonction. Il siégeait aux côtés de l’émir Al-Baghdadi, au sein de la choura, le « gouvernement » du califat autoproclamé. A ce titre, il avait la main sur les services de sécurité et restait décisionnaire des attaques terroristes à mener en Europe ou ailleurs. Il passe ainsi pour l’un des responsables des attentats de SaintDenis et de Paris le 13 novembre 2015, puis des attaques contre l’aéroport et le métro de Bruxelles, le 22 mars 2016, et de l’aéroport d’Istanbul le 28 juin. Un rôle politique qui lui valait parfois le surnom de « ministre des attentats » et faisait de lui l’un des terroristes les plus recherchés par les Etats-Unis (qui promettaient 5 M$ en échange de toute information sur lui).
Né dans la région d’Idlib, dans le nordouest de la Syrie, cet ancien ouvrier en bâtiment prend les armes en 2003 contre l’intervention américaine en Irak. Il est alors l’un des premiers moudjahidin étrangers à rejoindre l’insurrection. Arrêté deux ans plus tard, il est envoyé dans le camp de Bucca, une prison située au sud de l’Irak qui a constitué un creuset du djihadisme. C’est là en effet que, jusqu’en 2009, les forces américaines regroupaient des milliers de prisonniers, cadres déchus du régime de Saddam Hussein ou islamistes radicaux.
Bon nombre de dirigeants actuels de Daech ont fréquenté ce camp. C’est d’ailleurs là qu’Adnani a fait la connaissance du calife Abou Bakr al-Baghdadi, qui l’avait nommé porte-parole en juin 2014.
En plus d’apporter sa caution aux attentats menés par des djihadistes en Europe, Al-Adnani n’avait de cesse d’appeler les musulmans habitant les pays occidentaux à soutenir le « califat » en frappant près de chez eux. En septembre 2014, il va jusqu’à détailler les moyens d’assassiner ceux qu’il désigne sous le terme de « méchants et sales Français ». Bernard Cazeneuve prend alors le soin de répondre par une déclaration sur le perron de la Place Beauvau : « La France n’a pas peur ! »
Ces perpétuelles incitations au meurtre ont toutefois suscité des vocations terroristes, comme celle de Larossi Abballa, l’assassin d’un couple de policiers à Magnanville (Yvelines), en juin dernier, ou Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le tueur au camion de Nice, le 14 Juillet.
Ses appels au meurtre ont suscité de sinistres vocations
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Abou Mohammed al-Adnani a été tué dans la région d’Alep lors d’une frappe aérienne dont les Etats-Unis et la Russie se disputent la paternité.