Cosmopolitan (France)

HÉLÈNE

Mariée et maman, elle quitte sans regret un CDI dans le marketing médical pour ouvrir son épicerie gourmande.

- Par Gaelle Guitard. Photo Julie Ansiau.

Petite, je vis en Colombie où mon père, cadre chez Elf, a été muté. Lorsque ma mère réchappe de peu à un attentat, la famille prend un aller simple pour la France. Je peux aller chercher le pain en toute sécurité, mais je ne me sens pas française. Bachelière scientifiq­ue option maths, j’entre à la fac en gestion et économie appliquées. Et ça me barbe. En revanche, le marketing, c’est la révélation. Pendant mon master I, je passe avec deux camarades un concours organisé par L’Oréal et on remporte la finale France. Je décroche un stage de six mois, puis j’enchaîne avec un master II en marketing et communicat­ion. Des idées, j’en ai plein la tête. Côté coeur, Matthieu, rencontré à la fac, rêve de jouer le golden boy à Londres. Pas moi. On se sépare. Je passe une mauvaise période. Mais ça me booste pour monter une boîte avec deux amis. En étudiant le marché, on voit bien que la cible idéale, ce sont les seniors. Mais on manque de fonds, et au bout d’un an, on arrête. Après quelques mois de recherche de job, je travaille en intérim au service marketing d’un labo pharmaceut­ique, puis je décroche un CDI de chef de produits en anesthésie. À 26 ans, je rencontre Rémi à une soirée, mais il est en couple et moi aussi. Quelques mois plus tard, en boîte, il réapparaît, célib, moi aussi, et tout commence ! Au bout de huit mois, il me demande en mariage. On passe notre voyage de noces en Colombie où je lui montre les lieux de mon enfance. À 29 ans, je suis enceinte. Toujours en poste dans mon labo, mais j’ai envie d’indépendan­ce. Un ami revient de Barcelone où il a découvert une boutique de bonbons incroyable, où tout est rangé par couleurs. Avec Rémi, on se dit que ça prendrait bien chez nous, qu’on pourrait lancer un concept store autour du sucré, une épicerie gourmande. Rafael vient au monde et, pendant mon congé de maternité, l’idée fait son chemin. Je donne ma démission. Je monte le business plan et trouve le local. Rafael a 10 mois quand notre boutique, Chez Hélène, vend ses premières « Niniches » (sucettes). Tous les gourmands y trouvent leur bonheur : confitures fraise-basilic, réglisses du Danemark, boîtes d’oursons en guimauve… Nos clients ont tous les âges ! On vend des bonbons provenant de Suède, des États-Unis… Nos pyramides sucrées commencent à se faire connaître dans les goûters branchés des boîtes de prod. On goûte tout avec Rémi et nos amis donnent leur avis. Le poste fixe de Rémi nous sécurise. On se relaie le week-end à la boutique et auprès de notre fils. Chez Hélène, c’est mon deuxième bébé. J’attends qu’il grandisse pour m’octroyer des vacances. Si le site de vente en ligne marche (www.chezhelene-paris. com) on pourra s’arrêter de travailler le dimanche. Et d’ici mes 40 ans : pourquoi pas un restaurant français à Bogota ? Je suis bien passée du médical au sucré. Rien ne m’effraie !

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