Cosmopolitan (France)

On se tait

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« Quand je suis rentrée de ce séminaire, où pour la première fois en sept ans j’ai eu une aventure, David m’attendait sur le quai de la gare. Dans la voiture, je me suis mise à pleurer. Je m’en voulais tellement de l’avoir trahi que le seul truc qui pouvait me soulager, c’était de lui dire. J’ai voulu attendre d’être à la maison pour lui parler. Il y avait des bouchons sur la route, j’ai eu le temps de reprendre mes esprits. Finalement, je lui ai affirmé que je m’étais engueulée avec une collègue. Sa douceur et sa compassion ont remué le couteau dans la plaie, mais ça a aussi été un déclic : je ne voulais pas lui faire du mal en lui avouant… » Alors voilà, on l’a trompé… Impossible de faire pomme Z pour effacer. Que faire ? Vider son sac, lâcher le morceau, soulager sa conscience… autant d’expression­s qui montrent que tout ça est pesant. Avouer ? Mais à quel prix ? « Faute avouée, faute à demi-pardonnée » : pas si sûr, et surtout, on va laisser l’autre se recevoir tout en pleine face. Viendront alors les « C’était comment ? », « Mieux qu’avec moi ? ». Et là, on se dit qu’on aurait dû garder tout ça pour nous. « Ça avait été très fort cette nuit-là avec un Brésilien, pendant une fête où j’étais allée seule, confie Lola. Retour à la maison, totalement chavirée, – par cette nuit ou par ma culpabilit­é ? – je voulais tout dire à Jean tellement je vivais mal cette histoire. Et deux mois après, j’étais encore mal à l’aise. Un soir, dans un bar, on parle d’une amie d’enfance qui a un amant depuis peu. Jean est radical : “Que ce soit un soir ou plus, si j’apprenais que j’ai été trompé, je ne pourrais pas continuer.” J’y ai vu un message qu’il m’adressait. Consciemme­nt ou pas, c’était une façon pour lui de me dire qu’il ne voulait pas savoir, que c’était à moi de me ressaisir. » Et l’idée de « se ressaisir » prend tout son sens : choisir de se taire, c’est gérer sa culpabilit­é.

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