Le grand retour de l’essence
Cette fois, le mouvement est engagé : la proportion de voitures à essence a fortement augmenté au sein des ventes aux sociétés. Une révolution ? Non, un simple rééquilibrage selon les principaux acteurs du marché.
“CE SONT LES VENTES AUX SOCIÉTÉS QUI PERMETTENT ENCORE AU DIESEL DE SUBSISTER”
La nouvelle a fait certains gros titres : pour la première fois depuis 2000, l’essence est passée devant le gazole sur le marché automobile français en mars 2017. Un basculement dont la rapidité a surpris : en 2014, le diesel représentait encore 64 % des ventes. Nul besoin d’épiloguer sur cette désaffection : le scandale du diesel, la fiabilité douteuse de certains modèles, le coût d’utilisation élevé pour les petits kilométrages ont incité le particulier à revenir massivement à l’essence. Ce sont donc les ventes société qui permettent encore au diesel de subsister. Pourtant, là aussi, le vent tourne. Bernard Fourniou, président de l’Observatoire du véhicule d’entreprise précise : “À fin juin 2017, la part des modèles essence dans les parcs d’entreprise s’établissait à 11,3 % (VP et VUL confondus), avec une hausse de 2 %. Sur le seul segment des VP, la part de marché de l’essence atteignait 18,1 %”. En 2014, elle ne représentait que 10,6 % des immatriculations en entreprise ! Cette évolution doit évidemment beaucoup aux annonces fiscales du gouvernement, qui depuis début 2017 a commencé à rééquilibrer la fiscalité. Depuis cette année en effet, les entreprises peuvent récupérer 10 % de la TVA sur leurs achats de Super. Une part qui passera à 20 % l’année prochaine, jusqu’à atteindre 80 % en 2021. Cette incitation fiscale, somme toute modérée, n’explique pas tout. Avec la remontée de l’appétit pour les modèles essence, leur valeur résiduelle a augmenté, ce qui a incité les loueurs à en proposer à nouveau. Enfin, la perspective de restrictions de circulation de plus en plus sévère dans les grandes villes contre le diesel constitue une incitation forte. Pour autant, les véhicules Diesel conservent leur intérêt pour les entreprises compte tenu du kilométrage moyen élevé que réalisent leurs véhicules. Bernard Fourniou confirme : “Il ne faut pas s’attendre à un développement de l’essence comparable à ce que l’on voit sur le marché automobile national. Les gros rouleurs continuent à rouler au diesel dans les entreprises. L’essence ne devient une option attractive que pour les collaborateurs effectuant moins de 20 000 km/an”.