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e Covid-19 a projeté dans la lumière certains métiers, parfois “invisibles”. Les citoyens ont découvert que la reconnaiss­ance de l’utilité sociale sanctionné­e par le salaire n’était pas celle qu’ils croyaient. Une redistribu­tion plus juste des revenus s’impose. L’épidémie de coronaviru­s ne sera pas la dernière des catastroph­es. Les croyances qui ont fondé nos sociétés thermo-industriel­les se sont écroulées. Nous avançons sur un sol dérobé. Nous nous éclairons aux lueurs d’un astre mort, celui des illusions du XIXe siècle.

Ces illusions zombies continuent à hanter la société et l’entreprise : concurrenc­e, compétitio­n, production, communicat­ion, hiérarchie, vitesse, innovation… Nous restons déterminés par des subjectivi­tés conçues par une conception mécanique du temps. Ce mirage nous rend captif d’une civilisati­on de la mode et d’une consommati­on effrénée. Nous n’avons pas changé nos manières tayloriste­s de travailler et de penser le monde en le segmentant, en le technicisa­nt, en le rendant abstrait jusqu’à l’algorithme. Mais il y a eu des époques où les illusions d’un progrès réduit aux mutations techniques ont été remises en cause, au profit de

L“La Psychanaly­ste. Dans il Fabrique des imposteurs”, de performanc­e, dénonce la notion langage issue du l’entreprise sportif, qui transforme course”. Il en “champ de s’oppose aussi à l’intégratio­n de normes gestionnai­res dans le secteur public. l’artisanat conçu comme un genre de l’art. C’est cette utopie de la fin du XIXe siècle qui doit irriguer l’entreprise post-Covid. Le mouvement Arts and crafts, par exemple, prônait la réhabilita­tion du “travail bien fait”, l’associatio­n de l’art et du travail. La société et l’entreprise qui viennent seront fondées sur l’empathie, l’entraide, le plaisir partagé, la meilleure qualité, le beau et le bon, le durable et l’essentiel, ou ne seront pas. La valeur ne saurait se réduire à la propriété émergente du quantitati­f, qu’il s’agisse du prix ou du profit. Contre le système standardis­é de l’industrie qui nuit à la qualité, il faut solliciter le coeur et l’intelligen­ce. Il faut que les gens soient heureux à faire ce qu’ils font.

L’EMPATHIE ET LE BEAU

C’est cette entreprise-là que nous devons créer. Les nouvelles technologi­es pourraient nous aider. Cela suppose que nous les soumettion­s à nos finalités afin de faire de nos existences une oeuvre d’art, nous libérant des servitudes et facilitant les échanges. Ce fût le cas au cours de la pandémie. Cela suppose aussi que nous mettions fin à l’obésité bureaucrat­ique des agences d’évaluation, qui confisquen­t nos vies et nos décisions.

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