LIMOGES HARMONIE
Depuis les bords de la Vienne et le pont SaintÉtienne, toujours emprunté par les pèlerins jacquaires, la vision est saisissante. Sous nos yeux, la vieille ville de Limoges s’étage dans la verdure, avec à son sommet la cathédrale, vaisseau de granit au chevet monumental. Dédiée à Saint-Étienne, elle fut construite à la fin du xiiie siècle à l’initiative d'Aimeric de La Serre, évêque de Limoges de 1246 à 1272, qui mit toute sa fortune dans la construction de cet édifice pour remplacer une cathédrale romane – dont subsiste la crypte. En raison des guerres et du manque d’argent, le chantier s’interrompit et s’échelonna en plusieurs campagnes jusqu’à… la fin du xixe siècle, avec le rattachement du clocher à la nef. Mais,
Dominant en majesté la ville, Saint-Étienne est l’une des rares cathédrales typiquement gothiques du sud de la Loire. Bâti à partir du xiiie siècle, ce long vaisseau de granit ciselé ne fut qu’achevé à la fin du xixe siècle. Six siècles de construction qui n'ont en rien entamé sa belle harmonie. Le sanctuaire possède en son sein, un trésor: un remarquable jubé Renaissance.
grâce à l’unité de plan et de style, l’ensemble, attribué au grand architecte Jean Deschamps, reste d’une belle harmonie, conservée au fil du temps. L'usage du granit, matériau difficile à tailler, contribue à accentuer l’impression d’austérité de l’édifice.
UN BIJOU DU GOTHIQUE FLAMBOYANT
En arrivant au pied de la cathédrale, le regard est naturellement aimanté par le portail Saint-Jean, sur la façade nord du transept. Exécuté au début du xvie siècle, ce bijou du gothique flamboyant est d’une exceptionnelle richesse décorative, avec ses deux portes surmontées d’une rose et d’un tympan avec une statue du Christ.
ENTRE GOTHIQUE ET RENAISSANCE
À l’intérieur, un jubé très richement orné dans le style de la Renaissance attire toute l’attention. Une oeuvre précieuse: c’est l’un des rares jubés visibles dans une cathédrale de nos jours car la plupart ont été détruits à la Révolution. Ce jubé, élevé en 1533-1534, à la demande de l’évêque Jean de Langeac, servait à délimiter la place réservée aux clercs dans le choeur. Il a toutefois été déplacé et, aujourd’hui, il sert de tribune au grand orgue. Il est construit en calcaire de Corrèze et son style oscille entre gothique et Renaissance, comme l’expliquait Prosper Mérimée en 1838, dans Note d’un voyage en Auvergne: « On ne sait à quel style le rapporter, ou plutôt on y voit un combat entre le goût gothique et celui de la Renaissance. L’extrême division des parties rappelle le système gothique, mais tous les détails pris en eux-mêmes appartiennent à l’architecture classique; or, on le sait, elle se prête mal aux caprices qui conviennent au style flamboyant. » Les dais des statues sont par exemple gothiques, mais le décor est fortement inspiré par la Renaissance italienne. Il foisonne de couronnes, d’arabesques, de pilastres, de vases et de rinceaux, d’angelots. On y admire aussi des bas-reliefs sur des thèmes mythologiques, comme les travaux d’Hercule. À voir également, à gauche du choeur, dans la chapelle de la Vierge, NotreDame-de-la-Pleine-Lumière. Cette Vierge contemporaine en émail noir, parée de couleurs vives, a été réalisée en 2009 par l’artiste limousine Léa Sham’s. L'oeuvre, qui s’inspire de la posture de la Vierge noire du Puy-enVelay, ou encore du trône de Sainte-Foy de Conques, est un hommage aux émailleurs médiévaux qui ont fait de Limoges, la « capitale des arts du feu ».