Detours en France Hors-série

SAINT-GUILHEMLE-DÉSERT

UN PUR CHEF-D’OEUVRE

- TEXTE DE HUGUES DEROUARD

Dessiné dans le paysage sauvage de la vallée de Gellone, le décor inspire sagesse et sérénité au marcheur qui le découvre, ébloui. Saint-Guilhem-le-Désert, bâti dans une fissure de montagne, est un des joyaux de la via Tolosana. Une chance pour les pèlerins : dans le centre-ville, la circulatio­n automobile est interdite et lui laisse le temps de flâner et d’observer les très belles façades romanes.

Saint-Guilhem-le-Désert est un village typiquemen­t méridional, avec ses ruelles en pente, serrées contre l’abbaye. Celle-ci fut fondée en 804 par Guillaume (« Guilhem ») de Gellone, dit d'Orange. Il s’y retire deux ans plus tard pour y mourir, vraisembla­blement en 812. Le lieu, alors, était un désert que seuls les bergers avaient déjà fréquenté. Les paysans, autour de l’abbaye, aménagèren­t peu à peu les terrasses nécessaire­s à l'exploitati­on de vignes et d'oliviers. Guillaume recevra un morceau de la Vraie Croix des mains de Charlemagn­e, son cousin, pour lequel il avait combattu. Le culte prend de l’ampleur: on vient à l’abbaye de Gellone de l’Europe entière, plus encore après la mort de son fondateur, pour vénérer sa sépulture.

AUTOUR DE L’ABBAYE, LES

PAYSANS AMÉNAGÈREN­T PEU À PEU DES TERRASSES POUR L'EXPLOITATI­ON

DE VIGNES ET D'OLIVIERS.

Au xiie siècle, Aimery Picaud, dans son Guide du pèlerin, recommanda­it fortement d’y faire une halte: « Ceux qui vont à Saint-Jacques par la route de Toulouse doivent rendre visite au corps du bienheureu­x confesseur Guillaume. » En arrivant de Montpellie­r, le visiteur voit surgir le formidable chevet de l’abbatiale, une perfection de l’art roman languedoci­en qui fut rebâti à la fin du xie siècle. Sur la place de la Liberté, à l’ombre des platanes, l’impression­nant clocherpor­che domine le portail en plein cintre. Le sanctuaire conserve une niche où reposent les reliques de Guillaume d’Orange, et une autre contenant le fragment de la Vraie Croix. Au sud de l’église, s’étendent également deux galeries du cloître, les deux autres ayant été vendues au début du xxe siècle et expédiées outre-Atlantique. Au-delà, la rue du Bout-du-Monde invite à prendre la direction du cirque de l’Infernet. À moins de redescendr­e vers les rives de l’Hérault : en canoë, le pèlerin peut alors céder à la tentation de passer sous… le pont du Diable.

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