Detours en France

PIERRE AROSTÉGUY

L’ÉPICERIE DANS LE SANG

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« Un aïeul, Jean Diribarne, avait créé en 1875 un commerce de denrées coloniales, place Clemenceau. En 1918, mon grandoncle et mon grand-père ont repris l’affaire, l’ont baptisée Épicerie du Progrès. Ils l’ont installée au 5 de l’avenue Victor-hugo, dans une ancienne pharmacie… Nous y sommes toujours ! »

Pierre Arostéguy a le verbe facile et la généalogie claire. En l’honneur de son grand-père, resté soixante années derrière le comptoir, il a gardé la superbe caisse enregistre­use. Il ne vend plus beaucoup de corned-beef mais il continue de proposer des vinaigres maison et dit être « le seul à vendre du pisco entre Bordeaux et Toulouse ».

Entre les épices, les sardines de Motrico, le maté du Paraguay, et le sel en paillettes d’añana, il n’y a que chez lui qu’on trouve la « Force basque », un mélange personnel de piment d’espelette, de fleur de sel de Guérande, de baies roses et de persil. Coincé entre les ultimes mondains du xxe siècle et internet, Pierre Arostéguy a des souvenirs plein la tête. « J’ai servi la dernière princesse Galitzine, qui ne buvait que du champagne rosé. Elle l’achetait par six bouteilles et, comme elle n’y parvenait pas seule, il fallait toutes les ouvrir pour sa consommati­on de la semaine… » Le passé, certes, mais l’avenir? Les vocations dans la famille sont moins décidées. L’épicerie Arostéguy sans Arostéguy? Ce serait comme Biarritz sans le Rocher de la Vierge.

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