Une guerre perdue. La France au Sahel
Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Paris, JCLattès, janvier 2020, 200 p.
L’intervention militaire française au Mali serait-elle à la France ce que l’Afghanistan est aux États-Unis, en d’autres termes, une guerre sans fin — interminable aussi bien par sa longueur que par l’incapacité de la puissance militaire à remplir ses objectifs de retour à l’ordre sur un théâtre d’opérations toujours aussi instable (sinon plus) ? Pour Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste des questions africaines et du djihadisme, la réponse est sans appel : c’est un échec — et un échec qui était prévisible dès le début de l’intervention, en 2013, alors que l’auteur avait, parmi d’autres, alerté sur ses écueils. On ne peut en effet que constater, sept ans plus tard, la prolifération des mouvances djihadistes, l’extension de leur territoire d’action, la multiplication des violences intercommunautaires, l’augmentation du banditisme, les exactions commises non seulement par les djihadistes, mais aussi par les forces militaires et paramilitaires locales… L’auteur, dont la réflexion englobe les autres pays de la force du « G5 Sahel » (Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Nigéria), en analyse les raisons. In fine, le djihadisme n’est jamais, selon lui, que le symptôme de la crise des États au Sahel, et c’est donc un problème avant tout politique. En opposant une réponse uniquement sécuritaire, qui n’a pris en compte ni les rivalités communautaires locales, ni la faiblesse d’un État corrompu, la France s’est embourbée au Mali dans une situation à présent inextricable. Que doit faire l’armée française ? Rester en vain sans améliorer la situation ? Se retirer pour se dédouaner de toute responsabilité dans les événements en cours ? La question est posée. L’auteur plaide pour un retrait.