Doolittle

Super Nanny

Elle est la sauveuse. Le dernier espoir. Tel un super-héros, Sylvie Jénaly débarque dans des familles proches du chaos et remet parents et enfants dans le droit chemin. Cela donne, sur TF1 et NT1, une émission moins anecdotiqu­e qu’il n’y paraît. Car dans

- texte François Blet collage Julien Langendorf­f

Elle est la sauveuse. Le dernier espoir. Tel un super-héros, Sylvie Jénaly débarque dans des familles proches du chaos et remet parents et enfants dans le droit chemin. Cela donne, sur TF1 et NT1, une émission moins anecdotiqu­e qu’il n’y paraît. Car dans Super Nanny se dévoile, comme rarement, l’intimité de familles françaises.

QQuand elle ne joue pas les casques bleus pour familles en guerre à la télé, Super Nanny se ressource à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie. Là, au bord du lac Léman, Sylvie Jénaly est chez elle depuis plus de trente ans. Et le prouve en entrant dans un restaurant du centre-ville sans lunettes et sans tailleur, mais avec le sourire et un bisou pour chacune des quinze personnes déjà présentes. Quelques commérages plus tard, et après avoir demandé à la patronne fatiguée d’arrêter les nuits blanches, la Mary Poppins du 7-4 s’attable devant une soupe marocaine. L’occasion de rembobiner une vie passée dans des rafts, des villas d’émirs et les maisons les plus bruyantes de France.

Vous êtes Super Nanny depuis quatre ans, mais que faisiez-vousles cinquante années précédente­s ?

Après mon bac, je suis allée à l’école Tunon, en Suisse, pour devenir hôtesse. Mais un premier bébé est arrivé, j’ai coupé et j’ai décidé de me lancer dans l’hôtellerie, à l’École hôtelière de Lausanne. Et puis j’ai eu un deuxième enfant et là j’ai carrément laissé tomber. J’ai travaillé quelque temps sur des bases de rafting avec mon mari. C’était l’aventure, mais c’était saisonnier, alors j’ai décidé de chercher un boulot fixe. De fil en aiguille, je suis alors devenue gouvernant­e dans un palace pas très loin d’ici. Je gérais le personnel qui s’occupait de la logistique de l’hôtel.

Donc tout ça n’avait pas encore grand-chose à voir avec les enfants.

Pas encore, mais mes parents étaient enseignant­s. J’ai grandi dans une école. Le monde de l’enfance, j’ai toujours baigné dedans. Et j’ai un truc avec les mômes. Le fait d’en avoir eu très jeune a pu aider aussi. Mais bref, tout a changé quand une copine qui était gouvernant­e dans une famille d’émirs, dans le coin, m’a demandé si je pouvais la remplacer pendant son congé de maternité et m’occuper des enfants. J’ai essayé, et ça m’a plu. Malgré des choses un petit peu dures à accepter.

C’est-à-dire ?

Eh bien, on me demandait d’organiser des activités pour les enfants, de faire des choses avec eux, et des gardes du corps nous suivaient absolument partout. Même dans la maison, avec les flingues dans les holsters et tout. Ce n’est pas tout à fait une enfance normale. Mais le boulot m’a quand même plu. Une fois la mission terminée, j’ai contacté une agence en Suisse pour continuer. J’ai progressé et rapidement, je suis devenue gouvernant­e générale au sein de familles très très aisées. Je supervisai­s tout le personnel de maison. Et j’ai fait ça pendant plus de vingt ans.

À quoi ressemble le métier d’une gouvernant­e aujourd’hui ?

Le mot fait penser aux livres de la comtesse de Ségur, avec ces gouvernant­es qui restent toute leur vie dans la même maison, mais ça n’est plus du tout comme ça. On multiplie les jobs, et on reste entre deux et trois ans. Même si on signe toujours des CDI. Mais c’est génial parce que ça m’a permis de voyager. J’ai fait l’Espagne, l’Italie, les États-Unis, l’Angleterre ou encore la Russie. Ce qui est bien, c’est qu’on a tous les avantages du luxe sans être prisonnièr­e d’une cage dorée.

Mais vous avez donc travaillé avec des enfants élevés dans un monde à part…

Ah oui, c’est certain. Parfois je me suis battue contre des choses qui me paraissaie­nt absurdes. Comme cet enfant à qui les parents avaient demandé de rester tout le long de la réception qu’ils organisaie­nt. Jusqu’au petit matin. J’ai protesté, mais disons qu’on ne se dispute pas avec ces gens-là…

Aujourd’hui, vous êtes Super Nanny à plein temps. La transition a été facile ?

Non, j’ai eu beaucoup de mal. Il y a eu beaucoup de discussion­s avec la production, même si on ne devait faire que trois émissions au départ. Je voulais

“Quand j’étais gouvernant­e, on me demandait parfois d’organiser des activités pour les enfants, et les gardes du corps nous suivaient partout. Même dans la maison, avec les flingues et tout…”

m’assurer qu’on allait me laisser faire mon travail, que ça n’allait pas être de la télé-réalité. Je connaissai­s l’émission et j’avais vu que Cathy ( Sarraï, son prédécesse­ur, ndlr) arrivait à obtenir des résultats. Mais ce qui me semblait étrange, c’était de mélanger une sorte de personnage de fiction et de vraies familles avec de vrais problèmes. Ça a été compliqué de me projeter dans le rôle de Nanny et de rester pro tout en m’adaptant au monde de la télé.

Ça vous a pris du temps ?

Il a fallu qu’on se rode. Par exemple, il n’y a pas vraiment de mise en scène dans l’émission, à part quand on passe deux fois la porte pour refaire un plan, mais j’ai insisté pour qu’on ne fasse pas certaines choses, comme faire rejouer un enfant par exemple. Si l’équipe rate une réaction, tant pis. On ne la refera pas. Je ne veux pas qu’on touche aux enfants, il faut qu’ils restent naturels.

Et vous êtes donc devenue une urgentiste de l’éducation

Oui, c’est exactement ça. On peut faire passer beaucoup de choses en dix jours, et réparer des liens. Même s’il faut s’adapter à des familles différente­s, dans des milieux sociaux différents.

Oui, parce que jusque-là, en tant que gouvernant­e, vous passiez d’une culture à une autre, mais vous ne changiez pas vraiment de milieu.

Oui. J’ai découvert une France que je ne connaissai­s pas. On sait que la misère sociale existe, mais tant qu’on ne la vit pas, on n’en prend pas complèteme­nt la mesure. Je comprends que nos politiques soient complèteme­nt à la rue à propos de ça. Je ne vois pas comment apporter des solutions aux gens sans avoir compris leur quotidien. Si je peux le faire à mon échelle, c’est déjà ça. C’est juste dommage que ça ne se fasse qu’au travers de la télé.

Vous pensez qu’il y a un manque d’accompagne­ment ?

Clairement ! Parce que ces gens-là ont cherché, beaucoup. Une assistante sociale, ce n’est pas la même présence, et puis les gens ont peur de ce qu’elles représente­nt. Ils ont peur qu’on leur enlève leurs enfants. Il y a aussi des associatio­ns, mais elles ne sont pas forcément connues. Alors les parents vont sur internet, ils essaient de faire leur soupe, mais c’est compliqué de s’y retrouver.

Pourtant, ça doit être embarrassa­nt, d’être contraint de s’exhiber à la télé pour régler ses problèmes…

“Il n’y a pas vraiment de mise en scène dans l’émission. Si l’équipe rate une réaction, tant pis. On ne la refera pas. Je ne veux pas qu’on touche aux enfants, il faut qu’ils restent naturels.”

Oui, mais il n’empêche que c’est une solution. C’est le deal, on vient, mais ils passent à la télé. C’est courageux. Je leur dis aussi de se rendre compte du nombre de familles qu’ils vont aider en le faisant. Les gens se reconnaiss­ent dans ce qu’ils vivent. Je le vois sur les réseaux sociaux.

Les psychologu­es et les psychiatre­s n’arrivent pas à aider suffisamme­nt ces familles ?

Déjà, ça coûte cher, un psy. Et pour beaucoup, aller voir un psy, ça veut dire être barge. Je n’arrête pas de leur dire : “ On a fait un travail, on a un résultat, mais vous avez besoin de voir quelqu’un pour poursuivre le travail.” Même si je ne les abandonne pas, hein. Je garde les numéros et je donne le mien. Être parent, ça s’apprend. C’est un métier et ça s’apprend. Il devrait y avoir des écoles, des formations, des pros, des gens pour les accompagne­r. Parce que parfois, on ne sait pas. Et j’ai été la première à ne pas savoir.

En tant que témoin privilégié, vous avez repéré des points communs dans la façon qu’ont les parents français d’éduquer leurs enfants ?

Oui, bien sûr. Par exemple, beaucoup n’osent pas dire non à leurs enfants parce qu’ils pensent qu’ils vont moins les aimer. Et puis il y a aussi le désaccord des parents sur la façon de faire, c’est fréquent. Ils n’en parlent même pas. Papa va être autoritair­e et Maman va saper son autorité, par exemple. Bonjour les repères pour les enfants. Et ça hurle, beaucoup. Les parents crient et les enfants aussi. Ça ne marche pas de crier. Ça sert juste à mettre une mauvaise ambiance. Beaucoup de familles vivent dans le bruit permanent. La télé est allumée toute la journée en plus, et il y a les téléphones, les tablettes, etc. On retrouve ça dans tous les milieux et toutes les familles. Les écrans permettent aux parents d’être tranquille­s.

Parce que c’est ce qu’ils veulent, généraleme­nt ?

Oui. On dépose les enfants à l’école le matin, et le soir quand ils reviennent, on veut juste qu’ils aillent se coucher. Ce n’est pas ça, être parent. On ne fonde pas une famille pour ça. J’ai l’impression que les gens ont perdu le goût d’accorder du temps à leurs enfants. Ils ne se rendent pas compte de l’investisse­ment que ça demande.

Donc ils font le minimum ?

Les choses techniques. Laver les vêtements, leur donner à manger, donner le bain, tout ça. C’est vrai pour un grand nombre de parents, salariés ou non. Il n’y a pas de plaisir. Certains me disent qu’ils l’ont perdu, et d’autres ne l’ont jamais pris. Souvent parce qu’ils n’ont pas eu de bons exemples avant.

Pourtant, il n’y a jamais eu autant de livres, d’émissions ou de sites consacrés à l’enfance. On est mieux informés que les génération­s précédente­s, non ? Non, pas tous. Il y a aussi une vraie misère intellectu­elle en France. Celle des gens dont personne ne s’occupe. Vous trouvez que la situation a empiré ?

La vie va de plus en plus vite. Et on est submergés d’informatio­ns. Absorbés par les écrans. Il y a moins de communicat­ion. Et encore une fois, la télé est le premier membre de la famille. Quand j’étais petite, on n’allumait pas la télé du matin au soir, sans qu’on la regarde. Elle a remplacé le fond musical dans les maisons. Sauf qu’on entend tout et n’importe quoi. Et les gens ont tous des écrans géants, voire des télés dans les chambres. Ce qui était réservé aux gens aisés avant. Aujourd’hui, tout est accessible.

Internet aussi ?

Bien sûr. Des enfants de quatre ans s’endorment avec une tablette sous le nez. Ils ont des portables vers sept, huit ans… Bon, après, avoir un téléphone pour appeler les parents, d’accord. Mais ça ne se limite malheureus­ement pas à ça. Il y a peu ou pas de contrôle parental dans de nombreux foyers, c’est redondant comme problémati­que. Les adultes ne sont pas tous spécialist­es, ou ne s’y intéressen­t pas assez, et n’arrivent parfois même pas à rentrer des codes de sécurité.

Même à la télé ?

Bien sûr. Avant, on avait le gros rectangle blanc en bas de l’écran, par exemple. Ça voulait encore dire quelque chose. Aujourd’hui, le CSA a beau afficher “interdit aux moins de 10 ans”, je peux vous certifier que ça n’est absolument pas respecté. De nombreux enfants sont fréquemmen­t exposés à des violences physiques ou sexuelles.

Par contre, les adultes sont aujourd’hui plus proches de leurs enfants sur certains aspects. Ils jouent aux jeux vidéo et regardent des films d’animation, par exemple. Ça ne peut pas provoquer une certaine complicité ?

“On dépose les enfants à l’école le matin, et le soir quand ils reviennent, on veut juste qu’ils aillent se coucher. Ce n’est pas ça, être parent.”

Vous savez, les enfants qui font des enfants, ça a toujours existé. Mais cette génération est dans l’excès. Il faut trouver un équilibre. Et puis il faut le partager vraiment avec les enfants. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Incarner une forme d’autorité devant des millions de parents et de profession­nels, ce n’est pas un peu compliqué parfois ?

Je n’incarne rien du tout, ou par défaut. Je suis moi avant tout, je dis ce que j’ai à dire et je fais ce que j’ai à faire. Je n’en tiens absolument pas compte. Sinon croyez-moi, j’aurais répondu aux dernières polémiques.

Vous parlez de cette thérapeute nantaise qui vous accusait de violence éducative…

Oh oui, et je la connais ! Depuis longtemps. Parfois je suis intransige­ante, c’est tout. Et ça, c’est vrai. Mais comprenez bien que je suis dans l’urgence. J’ai peu de temps pour faire passer des choses fondamenta­les. Donc parfois je dis aux enfants : “Ça, à partir de maintenant, c’est terminé.” Mais je le fais pour leur bien. Certains pensent détenir la vérité absolue, mais c’est faux. Moi, j’ai des doutes. Même si je suis une profession­nelle.

Au-delà de votre expérience, vous vous documentez en parallèle ?

Bien sûr, c’est obligatoir­e. D’abord le travail m’a poussé à fréquenter beaucoup de psys, d’orthophoni­stes, etc. Et puis j’ai beaucoup lu, et je continue à le faire. En permanence. C’est une passion.

Vous avez des modèles ?

La première à laquelle on pense, évidemment, c’est Dolto. Ensuite, j’aime aussi beaucoup Elizabeth Filliosa. Parce que ça me ressemble et que je prêche plutôt la bienveilla­nce. Même si je ne suis pas d’accord avec tout. Pour moi, il n’y a pas de règles en éducation. C’est du cas par cas. Il n’y a pas de méthode globale qu’on peut appliquer avec tous les enfants, parce qu’ils sont tous différents. Alors on peut s’informer, bien sûr, mais on trouve de tout. Des bonnes choses, et des trucs choquants…

Comme ?

Moi, je trouve par exemple que la théorie de l’extrême bienveilla­nce fabrique des enfants rois qui prennent le pouvoir. Ça me choque. Et les enfants en souffrent. Ils ne sont pas heureux. Ce n’est pas parce qu’ils décident à la maison qu’ils le sont. C’est de la démission parentale. Notre rôle, c’est de les accompagne­r, de les guider. De ne pas être dans le oui permanent.

Des choses comme les écoles Montessori, vous en pensez quoi ?

Il y a beaucoup de bonnes choses. Mais c’est très cher, pas accessible à tout le monde. Et ensuite, la transition avec une école classique est dramatique pour les enfants. J’ai l’exemple d’un technicien qui est devenu un véritable cancre après avoir débarqué dans un collège normal.

En censurant une partie du projet de loi Égalité et Citoyennet­é, le conseil constituti­onnel vient en quelque sorte d’autoriser la fessée.

Vous en pensez quoi ?

C’est dingue. Je suis atterrée. Je la vois, dans certaines familles, la fessée. C’est impossible pour moi. Les gens se mettent dans une situation de faiblesse incroyable. C’est facile de taper un enfant. Et puis quel exemple...

Comment se situe la France par rapport aux autres pays, vous qui avez travaillé partout ?

Nos enfants ne sont globalemen­t pas malheureux, hein, ça va. Mais en Europe, on est un peu à la traîne. Par rapport aux Scandinave­s surtout. Je dirais qu’on baisse vite les bras, qu’on a du mal à garder sa ligne de conduite. Qu’on manque de rigueur, quoi. Et rigueur, cadre, autorité, ça ne veut pas dire méchanceté. Il faut préparer ces petits chérubins à un certain nombre de frustratio­ns.

En parlant de frustratio­n, on imagine que vous avez dû vivre des tournages particuliè­rement difficiles…

Deux m’ont bien marquée. On se demande même pourquoi on a casté une famille. On a mal au coeur pour les enfants. Parfois, pendant le processus de casting, il nous arrive de faire des signalemen­ts aux services sociaux. Ça sert aussi à ça. Mais pour en revenir à l’émission, oui, ça peut faire beaucoup de peine. Parmi mes amis, personne ne regarde. Personne. Parce que c’est dur. Pour moi comme pour mes équipes. Certains de mes technicien­s pleurent sur les tournages. Je ne suis pas qu’une pro de l’éducation. C’est pour ça que j’ai été bouleversé­e au moment de ces polémiques sur la violence éducative, parce que personne ne se rend compte de ce qu’on voit, de ce qu’on vit. On avance, mais il y a une mesure de la réalité qui n’est pas prise.

On ne voit pas beaucoup de parents séparés ou divorcés dans Super Nanny, pourquoi ?

Parce que les gens sont en conflit. C’est une histoire administra­tive. Pour tourner, il nous faut l’autorisati­on du père et de la mère. Alors évidemment, quand ils ne s’entendent pas, l’un va refuser de signer le papier juste pour emmerder l’autre. C’est nul. Et ce sont les enfants qui en pâtissent. Et pas uniquement parce qu’on ne peut pas tourner. Ils en pâtissent en général.

Et les pères isolés ? Ou les couples homoparent­aux, c’est envisageab­le ?

J’adorerais. Je cherche d’ailleurs, mais c’est compliqué. Dans le cas des papas solos, ils ont très souvent peur de perdre la garde. Tout ça parce qu’on la donne très souvent à la mère, ce qui est profondéme­nt débile. L’important, c’est de dire à ses enfants qu’on les aime et leur montrer. Tant qu’il y a de l’amour, un papa, deux papas, deux mamans, peu importe.

Vous trouvez que les pères ont changé, de façon générale ?

Oui. L’image du papa macho qui bosse et qui laisse les gamins à sa femme, c’est de plus en plus rare. Ça arrive, j’en ai eu un sur mon dernier tournage, mais c’est rare.

Vous arrivez à ne pas intervenir dans la vie, au supermarch­é ou chez vos amis, quand vous voyez les parents faire des erreurs ?

Ah non, je ne bouge pas. Parce que je sais à quel point c’est dur d’être parent. Mes proches ne me demandent pas de conseils. Et quand ils le font, je ne donne pas toujours la réponse. Je ne veux pas rentrer dans ce genre de considérat­ions avec eux. Et puis je vais vous dire, depuis que je fais Super Nanny, je m’aperçois que tout va bien, souvent.

Mais est-ce que vous n’avez pas envie, aujourd’hui, de faire partager votre science à tous les parents ?

Si, bien sûr. À travers les livres par exemple. J’ai toujours voulu écrire. D’ailleurs, j’écrivais des histoires pour les enfants. Quand j’étais gouvernant­e, je ne prenais pas forcément un livre pour leur raconter quelque chose le soir. C’était de l’impro. Et puis je découpais en épisodes. Je les gardais en haleine. Ce qui est la raison pour laquelle je pense qu’il ne faut pas lire un livre en entier à un enfant avant le lit. Il faut qu’il puisse imaginer la suite. Et me laisser le temps de l’imaginer aussi. Mais pour en revenir à la question, je prépare effectivem­ent un livre de petites recettes éducatives. Des trucs et astuces pour aider les parents sur des choses précises. Par exemple, moi, pour rendre propre un enfant, il me faut deux jours.

Les parents vous apprennent des choses d’ailleurs, lors des tournages ?

Parfois ils font de bonnes choses hein, mais de là à m’en apprendre de nouvelles, non. Seuls les enfants m’en apprennent, sur eux-mêmes. Je crois que vous ne mesurez pas le niveau de désarroi des familles dans lesquelles je vais. Il faut le vivre pour le comprendre.

Justement, avez-vous envie de faire des choses pour aider encore un peu plus ces familles-là ?

Oui. J’ai décidé d’ouvrir une école. En Suisse d’abord, parce que c’est plus facile. J’aimerais former des gouvernant­es ou des maternity nurses, faire des séminaires, aller dans les familles, etc. Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui me demandent sur internet de venir sans les caméras, c’est de la folie. On aimerait faire des tarifs moindres pour aider les familles les plus défavorisé­es. Les prestation­s ne seraient pas les mêmes que celles d’une gouvernant­e classique, mais c’est un début. L’idée, c’est de démocratis­er la Super Nanny. Parce qu’il y a un manque et que ça ne tient à rien. Surtout quand je vois ce qu’on arrive à faire en dix jours. C’est presque traumatisa­nt parce que c’est du gâchis.

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