L’alimentation durable chez soi
Un guide qui fourmille d’idées et d’astuces pour s’engager pour la planète sans se prendre (trop) la tête.
Il y a deux manières d’aborder la transition écologique, la protection de l’environnement, et en particulier la question cruciale de la préservation des ressources et de la transmission à nos enfants d’une planète en bonne santé. par simplicité, appelons-les la méthode par le haut et la méthode pas le bas. bien sûr, ces deux approches sont étroitement liées, et on ne saurait les opposer. mais elles sont tout de même bien distinctes, elles ne répondent pas aux mêmes logiques, ne fonctionnent pas de la même façon et apportent des solutions différentes. la méthode par le haut est celle pratiquée par la science, l’économie, la politique. que ce soit par le biais de l’innovation technologique, la taxation ou la promulgation de lois, cette approche s’attache à trouver des solutions globales, résolutoires, universelles. l’interdiction des sacs plastique non recyclables, par exemple, appartient à ce type de méthode, tout comme l’interdiction des moteurs à combustion les plus polluants ou l’obligation de trier ses ordures ménagères. le problème avec cette méthode, c’est qu’elle n’avance pas aussi vite que nécessaire. les échecs répétés des grandes conférences internationales sur le climat et la transition énergétique l’ont bien montré : conflits d’intérêts, pressions des lobbies, intérêts
divergents des états, la progression de la méthode par le haut est semée d’embuches.
et puis il y a la méthode par le bas : modeste, pratique, individuelle, à petite échelle. l’innovation technologique est remplacée par le bon sens, par l’expérience empirique, souvent par le do it yourself. la méthode par le bas n’a pas l’ambition de changer le monde, juste son propre monde. il s’agit de ne pas attendre une loi ou une nouvelle réglementation, mais d’anticiper et d’adopter des nouveaux gestes, comportement et choix qui, dans l’ensemble et sur le long terme, peuvent faire une vraie différence. on pourrait croire que ces micro-gestes individuels au quotidien n’auront jamais un effet suffisant pour changer le contexte, pour faire évoluer les choses de manière déterminante. ce serait oublier l’impact énorme de ce que les experts appellent l’effet cumulatif. exemple : si chaque français donnait un seul euro tous les jours à un fond collectif, on se retrouverait au bout d’un an avec la coquette somme de 24 milliards d’euros. vous avez bien lu, 24 milliards! c’est l’équivalent de deux tiers du budget annuel du ministère de la transition écologique. l’effet cumulé d’un grand nombre de choix individuels peut devenir une force de changement majeure.
le guide de l’alimentation durable, d’aline gubri, s’inscrit résolument dans la méthode par le bas. il ne cherche ni à convaincre ni à convertir, il ne propose pas de solution globale et définitive. en revanche, il met à disposition une véritable mine d’informations pour changer progressivement, mais en profondeur, la manière de s’alimenter, de consommer et de gérer ses déchets. la démarche de l’auteure est toujours pratique et opérationnelle : son guide vise à fournir des solutions pour vivre au quotidien en réduisant son impact écologique, notamment dans le domaine alimentaire. pourquoi se focaliser sur l’alimentation? parce que, nous explique l’auteure, son empreinte environnemental est très lourd, et nous n’en sommes pas tout à fait conscients. selon l’ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), en moyenne un quart des émissions de gaz à effet de serre d’un français sont liées à l’alimentation. car cela commence bien avant nos courses ou notre frigo. toutes les étapes de la chaîne alimentaire ont un impact environnemental conséquent : la production, la transformation, le transport, le stockage, la distribution et bien sûr notre consommation et la fin de vie de nos achats, que cela concerne les emballages ou la nourriture non consommée. on pourrait baisser les bras devant une telle complexité et attendre que quelquࡕun (le gouvernement? les scientifiques?) apporte des solutions « par le haut ». mais force est de constater que ces solutions tardent à venir. l’un des mérites du guide d’aline gubri est de nous montrer que nos gestes et nos choix individuels quotidiens peuvent avoir un effet réel sur l’ensemble de cette chaîne, même sur les maillons les plus distants et qui auraient pu sembler hors de notre portée.
autant le dire toute de suite, contrairement à ce qui est promis par le sous-titre de ce guide, il faut tout de même se prendre un peu la tête… et c’est normal. car transformer ses pratiques alimentaires dans le sens du durable implique
de casser des habitudes et des routines très ancrées, d’autant plus difficiles à modifier qu’elles sont devenues inconscientes et automatiques. combien de fois nous retrouvons-nous dans un magasin sans avoir apporté avec nous un sac ou un filet à provisions? est-ce un manque de sensibilité à l’environnement ou juste un oubli ? une autre difficulté est celle liée à la désinformation cultivée par la publicité et certains médias. notre cuisine est remplie d’ustensiles et matériaux controversés, quand ils ne sont pas carrément toxiques, mais qui sont parfaitement autorisés : poêles en téflon, silicones, plastiques, phtalates, bisphénols, parabens… le guide d’aline gubri nous accompagne sur ces deux terrains. d’une part, elle évite de nous culpabiliser et nous met même en garde quant au fait de vouloir aller trop loin, trop vite. une transition vers une alimentation durable est justement une transition, un changement d’habitudes lent et progressif qui permet de desseller petit à petit les vielles habitudes et d’en installer, tout aussi progressivement, de nouvelles. d’autre part, le guide nous apporte une foison d’informations (saviez-vous qu’il ne faut pas cuire un aliment acide dans l’aluminium? ou qu’un réfrigérateur plein consomme moins d’énergie que ce même réfrigérateur vide?) pour orienter nos nouveaux choix. et, pour être encore plus pratique, la dernière partie du guide propose 25 recettes eco-responsables, pour passer à l’action !
Le meilleur déchet n’est pas celui qui est recyclable, mais celui qui n’a jamais été produit