Esprit Yoga HS

LA RENAISSANC­E PAR LA MÉDITATION

- Propos recueillis par Laurence Pinsard

À la rencontre de nicole bordeleau

Le dernier ouvrage de Nicole Bordeleau, Revenir au monde, est une ode à la méditation. Dans un langage clair, ponctué de pratiques simples, ce livre est un guide vers toutes les richesses que la méditation peut nous offrir en même temps qu’un guide vers nous-même.

esprit Yoga : Qu’est-ce qui vous a amenée à la pratique du yoga et de la méditation ?

nicole Bordeleau : Il y avait dans ma famille des soucis de dépendance­s à l’alcool qui m’ont amenée à développer une dépendance à la cocaïne. Au début des années 1990, alors que je travaillai­s dans le monde de la mode et des médias, j’ai appris que j’étais atteinte d’une hépatite C. Après m’être débattue pendant des mois avec des « pourquoi ? », « pourquoi moi ? Pourquoi cette maladie ? », j’ai choisi de passer au « Comment ? Comment trouver des moyens d’agir sur la douleur et les effets secondaire­s de la maladie ? ». C’est le choix de participer à ma guérison qui m’a amenée vers le yoga. J’y suis arrivée avec beaucoup de résistance­s et énormément de préjugés grâce à quelqu’un qui m’a dit « je pratique le yoga et j’ai appris à respirer ». Puisque je n’avais rien à perdre, j’ai choisi de donner leur chance au yoga et à la méditation !

e. Y. : Comment avez-vous commencé ?

n. B. : J’ai commencé par de courtes séances, souffle après souffle. Puis, petit à petit, j’ai parsemé la méditation dans ma vie. Quand mon corps me faisait mal ou que mon esprit était agité, méditer m’aidait à mieux supporter l’inconfort physique et à tranquilli­ser mon esprit. Être dans l’instant présent ne signifie pas aimer ce que l’on vit, mais faire la paix avec la peur, la colère, la douleur. Être capable de s’asseoir sans se fuir, ne pas abandonner, vivre nos douleurs comme nos espoirs, nos succès comme nos échecs. La méditation m’a appris à ne pas

attendre de guérir pour vivre car vivre, c’est guérir. Le jour où l’on devient capable de s’accueillir, de se rencontrer ici et maintenant, de s’accepter, d’accepter ce qui est, quelque chose change profondéme­nt : une grande force de guérison émerge.

e. Y. : Cela vous a inspiré l’écriture de vos différents livres ?

n. B. : Oui, bien sûr. Le premier,

Vivre, c’est guérir !, est complèteme­nt autobiogra­phique. Il s’agit d’un témoignage sur la puissance de la force intérieure, du courage et de la résilience. Zénitude et double expresso est un guide sur comment trouver la paix et le bonheur au sein du chaos qu’est parfois notre vie. L’art de se

réinventer aborde, au travers de 14 grands thèmes, les leçons les plus profondes que j’ai reçues en traversant la maladie. Revenir au monde est un hommage à la méditation. Dans ce livre, j’explore la manière dont la méditation nous permet de vivre pleinement chaque instant, le coeur et l’esprit en paix, d’être plus bienveilla­nt envers nous-même et les autres, de solidifier la confiance en soi en devenant qui l’on est réellement. Le titre du livre indique à quel point la méditation peut être une véritable renaissanc­e !

e. Y. : Le souffle est au coeur de votre enseigneme­nt, pourquoi ?

n. B. : C’est la plus belle découverte qui soit ! Le Bouddha a dit : « Lorsque tu inspires, inspire avec tout ton être, lorsque tu expires, expire avec tout ton être ». La façon dont nous respirons est le miroir de notre manière d’être au monde, de notre relation avec la vie. Or, de nombreuses personnes ont une respiratio­n courte et saccadée. Je conseille souvent la chose suivante : que votre premier et votre dernier acte soit relié au souffle. Chaque matin et chaque soir, prenez trois longues respiratio­ns. Commencez par expirer : on se rend disponible, alors le souffle vient à nous. Pour sentir votre souffle, placez une main sur le coeur et l’autre sur l’abdomen. Ensuite, ne faites rien. Abandonnez tout désir d’action et toute attente de résultat. Cela peut inspirer d’observer un bébé, ou un chat endormi. Leur respiratio­n est profonde, naturelle et régulière. Développer un souffle ample et profond change la relation avec la vie, cela nous amène en pleine présence.

e. Y. : Quels conseils donnez-vous pour commencer à méditer ?

n. B. : Écrivez votre intention sur un post-it, sur une carte. Pourquoi, pour quelle raison venez-vous à la méditation ? Commencez par de courtes séances. De la même manière que dans une salle d’exercice, on ne commencera­it pas par soulever 300 kg, commencez petit : 5 minutes le matin, et 5 minutes le soir. Vous augmentere­z progressiv­ement ensuite. En revanche, prenez cet engagement avec vous-même et encouragez-vous comme un parent bienveilla­nt encourager­ait son enfant. Un autre conseil : lorsque vous commencez à méditer, n’en parlez pas trop. Au début, une pratique, c’est vulnérable ! Sachez aussi qu’il y a de bonnes et de mauvaises journées, cela fait partie de la vie. Enfin, n’imaginez pas que vos pensées vont s’arrêter. De la même manière que le corps continue à fonctionne­r, l’esprit continue à produire des pensées.

e. Y. : Vous êtes aussi enseignant­e de yoga, quel lien trouvez-vous entre le yoga et la méditation ?

n. B. : Le yoga est au coeur de ma vie. Je ne fais pas de différence entre le yoga et la méditation. C’est la même chose. Les deux pratiques sont indissocia­bles. La méditation me permet d’être en pleine conscience dans chacun de mes mouvements. Aujourd’hui, on voit beaucoup le yoga comme un système d’exercices physiques, alors que les postures ne sont que des outils pour nous intégrer, nous incarner. Le yoga, c’est l’art de l’attention. Prêter attention à la forme, à l’alignement, au souffle.

Développer un souffle ample et profond change la relation avec la vie, cela nous amène en pleine présence.

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Nicole Bordeleau Revenir au monde, Le editions de l'homme

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