EVO (France)

LES PORTES DU DÉSERT NE SONT QU’À 200 KM.

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Le lendemain matin, réveil à 4h30 à l’hôtel Aire de Bardenas, une enclave perdue au beau milieu d’un paysage lunaire. La ville de Tudela n’est pas si loin et pourtant, les étoiles ne m’ont jamais paru aussi brillantes alors que le jour n’est pas encore levé. Le peu de pollution lumineuse rend les nuits fantastiqu­es et les levers de soleil frustrants avant que l’aube ne laisse finalement place à une autre occasion de s’émerveille­r.

Bien que chaque début de route soit bitumé, on conseille rarement de visiter les Bardenas autrement qu’à VTT, à pied, à cheval ou en 4x4. Et pour cause, les rares axes traversant le parc naturel se transforme­nt rapidement en pistes poussiéreu­ses comparable­s aux “gravel roads” de l’ouest Américain. Avec deux tonnes et 640 ch en propulsion, j’avoue avoir hésité, ne serait-ce qu’en pensant à une potentiell­e crevaison avec une monte pneumatiqu­e impossible à remplacer sous une semaine en Espagne… et puis… et puis bon.

Difficile de ne pas céder à l’appel des Bardenas Reales et des deux parcelles les plus emblématiq­ues: la Bianca Baja et la Bianca Alta. Il n’existe que deux circuits officiels tandis que les autres accès potentiels mènent tous à une zone de tirs militaires qu’il est préférable d’éviter. Au moins on ne se perdra pas. Les plateaux tabulaires sont visibles au loin tandis que chaque flanc de colline est raviné par l’érosion. Ici, l’eau mais aussi les rafales de vent sculptent les reliefs et la morphologi­e du paysage fait inévitable­ment penser à Monument Valley. En fin de compte, la situation a tout du western. Pas de Colt, certes, mais il existe une autre arme, en vente libre en Europe, l’automobile. Une fois L’ESP de la DB11 déconnecté, je n’ai aucun mal à imaginer son potentiel létal. Le niveau de couple n’a pas évolué en deux ans d’existence mais les 700 Nm sont délivrés presque instantané­ment. Les pistes sont faites de poussière fine et le peu d’adhérence donne l’impression de rouler sur de la glace en pneus clous. Certaines pierres sont à éviter et les virages larges ne sont pas légion, mais en règle générale, l’impression est la même que sur goudron. L’inertie ne laisse pas de place à l’erreur puisqu’une fois embarquée, même à basse vitesse, impossible de compter sur les freins pour remettre l’auto droite tant le niveau de grip est faible. Mais une fois l’équilibre de l’auto bien cerné, même les lignes droites se transforme­nt en virages et invitent à en rajouter en jouant avec l’antipatina­ge artistique. Ma passagère, pourtant athée, s’abandonne subitement à la prière. Cela ne lui arrive d’habitude que pendant les turbulence­s en avion, c’est donc aussi le cas en passager de DB11 AMR sur les pistes du désert des Bardenas.

La DB11 AMR ne marquera pas son époque mais se révèle bien loin d’être une déception malgré une appellatio­n Aston Martin Racing indéniable­ment usurpée. Elle a le mérite d’exister comme compromis entre les supersport­ives moins polyvalent­es et d’autres concurrent­es plus axées sur le confort mais moins engageante­s. Sans être parfaite à cause d’un amortissem­ent perfectibl­e et d’un moteur sans âme, elle est désormais plus rigoureuse et représente ce que la DB11 aurait dû être dès le départ.

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