Pignons sur rue
Tendances vélo 2015 Le fixie a fait des petits. Si l’accessoire préféré des hipsters, sans freins ni dérailleur, n’était pas des plus adaptés à la circulation urbaine ni à la vie de bureau, il a laissé son ADN sur tout ce qui se fait de mieux en matière
Un vélo sans frein, sans dérailleur, sans levier de vitesse et sans chichis. Sorti des vélodromes par les coursiers new-yorkais dans les années 1970, le pignon fixe devient, trente ans plus tard, le moyen de locomotion des branchés, de la ville mère San Francisco à Seattle, puis au Japon et en Europe (Londres, Barcelone). À Paris, en 2007, une poignée de cycle freaks invente les « rides du jeudi ». Rendez-vous à 21 heures métro PalaisRoyal, direction La Défense, le temps de chauffer la gomme, avant de « se taper la bourre » dans le tunnel ralliant la Porte Maillot, pourtant interdit aux vélos. Fast and Furious. Ou plutôt Mash SF, le film référence de la bicyclette mono vitesse : « On était fascinés par la prise de vitesse, la sensation unique du coup de boost généré par la remontée de pédale arrière mais aussi par le côté “do it yourself” du vélo, qu’on devait fabriquer nousmêmes, et façonner à notre image », raconte Marc Sich. Le fondateur et directeur artistique du magazine Steel et de la boutique du même nom, se souvient aussi « des cuisses qui gonflent à ne plus pouvoir entrer dans nos jeans ». C’est à l’époque tout le sel du fixie : dénicher des cadres, à prix minime, dans les clubs de pistards ou les brocantes Emmaüs puis les accessoiriser. Les boutiques en retapent aussi (se faisant de belles marges au passage), et vendent des tubes à 300 €. Sa robustesse, son entretien minimum et sa légèreté permettant de le porter à l’épaule dans les escaliers ou par-dessus les obstacles urbains en font un excellent allié du cycliste des villes pour se faufiler dans le trafic.
Phénomène de mode On commence à voir des fixies partout, mais sans jamais croiser le même. Offrant un foisonnement esthétique totalement nouveau, ce vélo devient un objet de mode autant qu’un moyen de transport, ornant les devantures des boutiques spécialisées, accompagnant les mannequins dans les pages mode des magazines ou sur les podiums. On a ainsi vu les modèles de la gamme bleue de Moncler défiler sur un vélodrome milanais en 2010. On en fait même un film ( Premium Rush, 2012). Et on en trouve chez Décathlon. Ironie de l’histoire, la pratique du fixie