GQ (France)

Télé/livre Yann moix : « Je vais chez ruquier pour être sérieux »

À la rentrée, l’écrivain et réalisateu­r grande gueule débarque sur le plateau d’« On n’est pas couché » sur France 2. Interview.

- Par Jacques Braunstein

« À 25 ans, on a envie de tuer un mec parce qu’il a écrit un livre qu’on estime mauvais. Aujourd’hui, je suis

moins dans le conflit. »

« ON N’EST PAS COUCHÉ », tous les samedis en seconde partie de soirée sur France 2 à partir de septembre UNE SIMPLE LETTRE D’AMOUR, de Yann Moix (Grasset)

Réalisateu­r de Podium (3,5 millions d’entrées) et de Cinéman (300 000, seulement), romancier ( Naissance, prix Renaudot 2013), Yann Moix est un habitué des polémiques médiatique­s (traitant par exemple la Suisse de « pays inutile » et « fondamenta­lement antisémite » lors de l’affaire Polanski). Il a sorti au printemps Une simple lettre d’amour, court texte en forme de mea culpa: « Plus jeune, je croyais être un romantique, en fait j’étais un queutard. » Mais surtout, en septembre, il devrait remplacer Aymeric Caron dans l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché ». Rencontre avec un homme occupé.

Vous serez aux côtés de Léa Salamé sur le plateau d’« On n’est pas couché » à la rentrée ? Laurent Ruquier m’a fait la propositio­n. Je n’ai rien signé mais j’aimerais beaucoup faire cette émission pour me concentrer sur les hommes politiques et les essayistes. J’y vais pour être sérieux, comme pour mes exposés à Sciences Po. Je ne m’acharnerai pas sur les écrivains et les artistes. Je ne veux pas reprocher à Hervé Vilard de ne pas être Franz Liszt. J’ai fait ce genre de truc et ça ne sert à rien. On me l’a fait et c’est terrible… À 25 ans, on a envie de tuer un mec parce qu’il a écrit un livre qu’on estime mauvais. Mais aujourd’hui, je suis moins dans le conflit.

Pourtant vous demeurez un habitué des polémiques médiatique­s... Dans une émission de clowns comme « Les Grosses Têtes », je fais le clown. « On n’est pas couché » est une émission sérieuse qui n’a pas besoin d’un second Nicolas Bedos. Après, à la télévision, on n’entend pas les subtilités comme à l’écrit. Le fait de lever les yeux au ciel peut se révéler plus important qu’un argument nuancé. Intellectu­ellement, c’est passionnan­t.

Vous remplaceri­ez Aymeric Caron qui avait une image d’homme de gauche alors que vous avez longtemps travaillé au Figaro. Je n’ai jamais voté de ma vie. Je suis ami avec la ministre de la Culture Fleur Pellerin avec laquelle je suis d’accord à 95 %. Disons que je suis un mec de droite qui est très souvent de gauche. On m’a collé cette étiquette parce que le premier papier sur Jubilation­s vers le ciel, mon premier roman, était dans Le Figaro. Après, tout s’est enchaîné… D’autant que je suis proche d’israël, mais je suis moins caricatura­l qu’aymeric Caron avec la cause palestinie­nne. C’est con de choisir un camp et de s’y tenir quoi qu’il arrive.

Une certaine idée de la littératur­e voudrait que l’écrivain se retranche pour trouver sa voix. Vous, au contraire, plus vous vous dispersez, plus vous écrivez… Plus je travaille, plus je travaille. Je me penche sur un sujet et ça m’ouvre des fenêtres sur d’autres choses. En ce moment, j’écris un roman et je réalise en parallèle un documentai­re sur les deux Corée. Je travaille à un petit livre sur le terrorisme qui sortira le 11 janvier prochain et sur le scénario de Podium 2… Tout ça me passionne et donc je ne vois pas les heures passer. Le temps que je consacrais à draguer des filles, je l’utilise à tout ça. Longtemps, j’ai écrit dix-huit heures d’un coup sans dormir: résultat, tu es hagard pendant trois jours et tu ne fous plus rien. En fait, être empêché est un bon moteur: si j’ai rendez-vous à 15 heures, à 14h 45 je me mets à mon ordinateur à toute vitesse, et paf, j’écris une page. Au total ça me fait une page de mon scénario, une de mon roman, une de mon essai chaque jour…

La saison prochaine, on va donc vous voir encore plus ? Quand je suis arrivé à Paris, vers 1995, je me disais: on entend toujours les mêmes, les Franz-olivier Giesbert et compagnie… Aujourd’hui, ceux qui débarquent pensent la même chose de moi.

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 ??  ?? LE ROMAN D’UN TRICHEUR Cette lettre mea culpa d’un infidèle chronique est adressée, vingt ans après, à une femme qui l’a quitté : « Aimer un homme, c’est fabriquer un infidèle. »
LE ROMAN D’UN TRICHEUR Cette lettre mea culpa d’un infidèle chronique est adressée, vingt ans après, à une femme qui l’a quitté : « Aimer un homme, c’est fabriquer un infidèle. »

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